Page:Le livre des mille nuits et une nuit, Tome 8, trad Mardrus, 1901.djvu/53

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son histoire depuis le commencement jusqu’à la fin, sans lui rien cacher. Après quoi elle poussa de profonds soupirs, versa des pleurs et récita ces vers :

« Voici que les larmes ont ulcéré ma paupière ! Ah ! il a fallu de bien singulières tribulations pour un tel débordement !

« Et la cause de tout cela est un être cher à mon cœur, avec lequel je n’ai jamais pu assouvir la soif de mes désirs.

« Son visage est si beau, si radieux, si éclatant, qu’il surpasse la beauté des Turcs et des Arabes !

« Le soleil et la lune, en le voyant paraître, se sont inclinés d’amour, épris de ses charmes, et ont rivalisé avec lui de galanterie.

« Son regard chargé de sorcellerie est si enchanteur qu’il fascine tous les cœurs par son arc tendu prêt à décocher les flèches.

« Ô toi à qui je viens conter par le menu mes peines amères, aie pitié d’un amoureux devenu le jouet des vicissitudes de l’amour.

« Hélas ! l’amour m’a jeté dans un triste état au milieu de ton pays, et je n’ai plus d’espoir que dans ta générosité !

« L’homme au cœur généreux qui protège celui qui implore son hospitalité, acquiert d’ordinaire un grand mérite.

« Ô toi, mon espoir, étends le voile protecteur sur la tribu des amoureux, et sois, ô mon seigneur, la cause de leur réunion ! »

Puis, une fois qu’elle eut récité ces vers, elle