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rose-dans-le-calice et délice-du-monde
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pu enfin se voir depuis leur rencontre ; et ils furent dans une telle joie et une telle félicité qu’ils pleurèrent beaucoup. Et Rose-dans-le-Calice improvisa ces vers :

« La joie est enfin venue chasser la tristesse et le chagrin ; et nous voici réunis à la grande confusion de nos envieux.

« La brise de la réunion a soufflé sur nous son haleine parfumée qui nous a ranimé le cœur, les entrailles et le corps.

« L’enivrement du retour a brillé sur nos visages ; et tout autour de nous les cris de joie et les tambours ont annoncé notre retour !

« Ne croyez pas que nos larmes soient causées par le chagrin ; croyez au contraire que c’est le bonheur qui nous fait pleurer !

« Que de calamités nous avons éprouvées, évanouies maintenant ! Avec quelle résignation n’avons-nous pas supporté des douleurs angoissantes ?

« J’ai oublié en une heure de réunion des tortures et des traverses si terribles que ma tête en a blanchi ! »

Cette improvisation terminée, ils s’étreignirent et restèrent dans les bras l’un de l’autre étroitement enlacés, jusqu’à ce qu’ils fussent tombés pâmés de jouissance et de bonheur…

— À ce moment de sa narration, Schahrazade vit apparaître le matin et, discrète, se tut.