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rose-dans-le-calice et délice-du-monde
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« Ah ! que la vie est douce ! que la vie est délicieuse ! L’union ne fait qu’attiser ma flamme et mon ardeur ! »

Ces vers récités, les deux amants s’étreignirent pour la seconde fois et, s’étant jetés sur leur couche nuptiale, ils s’enlacèrent étroitement dans les plus exquises voluptés ; et ils continuèrent à se caresser, à se livrer à mille ébats et aux jeux aimables jusqu’à ce qu’ils se fussent tout à fait noyés dans la mer des amours tumultueuses. Et leurs délices, leurs voluptés, leur bonheur, leurs plaisirs et leurs joies furent si intenses qu’ils laissèrent s’écouler sept jours et sept nuits sans qu’ils se fussent aperçus de la fuite du temps et de son changement, tout comme si les sept journées n’étaient qu’une seule seulement. Ce ne fut qu’en voyant arriver les joueurs d’instruments qu’ils comprirent qu’ils étaient à la fin du septième jour de leur mariage. Aussi Rose-dans-le-Calice, à la limite de l’émerveillement, improvisa-t-elle à l’instant les vers que voici :

« Bien que j’aie été l’objet de tant d’envie et si gardée, j’ai pu posséder mon bien-aimé.

« Sur la soie vierge et les velours il s’est donné à moi par mille caresses,

« Sur un matelas en peau tendre, garni de duvet d’oiseaux d’une espèce extraordinaire !

« Qu’ai-je besoin de boire du vin, quand un amant plein d’ardeurs nouvelles me fait goûter sa salive de volupté !

« Pour nous, le passé et le présent se confondent dans une union qui nous donne l’oubli.