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histoire magique du cheval d’ébène
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divers attributs et, en plus, ses mâchoires vides de leurs molaires et armées, en guise de canines, de crocs qui le rendaient semblable aux éfrits qui épouvantent les petits enfants dans les maisons désertes, et font crier d’effroi les poules dans les poulaillers.

Tout cela !

Et justement la princesse, la plus jeune des trois filles du roi, était l’adolescente la plus belle et la plus gracieuse de son temps, plus élégante que la tendre gazelle, plus douce et plus suave que la brise la plus caressante, et plus brillante que la lune dans son plein ; elle était ainsi vraiment faite pour les ébats amoureux ; elle se mouvait et le rameau flexible était confus de ses balancements onduleux ; elle marchait et le chevreuil léger était confondu de sa gracieuse allure ; et sans conteste elle surpassait de beaucoup ses sœurs en beauté, en blancheur, en charmes et en douceur. Et telle elle était, en vérité.

Aussi lorsqu’elle vit le savant qui devait lui échoir en lot, elle courut à sa chambre et là se laissa tomber la face contre terre en se déchirant les habits, en se griffant les joues et en sanglotant et se lamentant.

Pendant qu’elle était dans cet état, son frère, le prince Kamaralakmar, qui l’aimait beaucoup et la préférait à ses autres sœurs, rentrait d’une partie de chasse et, entendant sa sœur qui se lamentait et pleurait, pénétra dans sa chambre et lui demanda : « Qu’as-tu ? Que t’est-il arrivé ? Hâte-toi de me le dire, et ne me cache rien ! » Alors elle se frappa la poitrine et s’écria : « Ô mon unique frère, ô le chéri, je ne te cacherai rien. Sache que, si même le palais