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histoire magique du cheval d’ébène
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par la portière, il s’élança sur eux, l’épée à la main, et furieux et féroce comme un ghoul monstrueux. Mais le prince, qui le vit venir de loin, demanda à la jeune fille : « Est-ce là ton père ? » Elle répondit : « Mais oui ! » Aussitôt il sauta sur ses deux pieds et, saisissant son glaive, il lança un cri si terrible à la figure du roi, que celui-ci en fut épouvanté. Alors Kamaralakmar, plus menaçant que jamais, se disposa à se jeter sur lui et à le transpercer ; mais le roi, qui avait compris qu’il était le plus faible, se hâta de rengainer son glaive et prit une attitude conciliante. Aussi, quand il vit le jeune homme déjà sur lui, il lui dit du ton le plus courtois et le plus aimable : « Ô jouvenceau, es-tu homme ou genni ! » Il répondit : « Par Allah ! si je ne respectais tes droits à l’égal des miens propres, et si je ne me souciais de l’honneur de ta fille, j’aurais déjà répandu ton sang ! Comment oses-tu me confondre avec les genn et les démons, alors que je suis un prince royal de la race des Khosroès, de ceux qui, s’ils voulaient s’emparer de ton royaume, n’hésiteraient pas à se faire un jeu de te faire sauter de ton trône comme par un tremblement de terre, et de te frustrer de tes honneurs, de ta gloire et de ta puissance ! »

Lorsque le roi eut entendu ces paroles, il eut pour lui un grand sentiment de respect et craignit beaucoup pour sa propre sécurité. Aussi se hâta-t-il de répondre : « Comment se fait-il, si tu es vraiment le fils des rois, que tu n’aies pas craint de pénétrer dans mon palais sans mon consentement, de détruire mon honneur et d’arriver à la possession de ma fille,