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les représentations visuelles des contacts

possédons des mouvements grossiers ou affinés. Chercher à affiner les moyens sans se rendre compte qu’ils coïncident avec l’affinement des mouvements, c’est tomber dans l’erreur commise pas ce potier, cité par les anciens, qui croyait mouler des urnes et qui moulait toujours des pots.

Pour faire bien comprendre le rôle des mouvements dans l’éducation artistique, on pourrait le comparer à celui que les mouvements remplissent dans la formation de la conscience du nouveau-né. Sa première éducation, l’enfant se la donne par ses mouvements, car mesure-t-il autrement qu’à travers ce qu’il sent lui-même ? Pour nous perfectionner artistiquement, nous devons faire de même. À mesure que nos mouvements se dissocient et augmentent la multiplicité de nos sensations, nos perceptions se multiplient corrélativement, et l’art nous apparaît transformé parce que notre conscience est transformée. Tous les procédés factices d’imitation des faits et gestes d’autrui sont stériles. Avant tout, nous devons nous former une conscience à nous, une force d’observation à nous, un raisonnement à nous.

Il importe donc, sinon de développer par l’étude les mouvements avant de chercher à percevoir les lignes ou les sons, du moins de discerner nettement quels sont les mouvements qui peuvent faire voir et entendre, afin de s’astreindre à les acquérir.

Cette propriété inhérente aux mouvements d’agir sur la conception de l’art, n’a pu être établi aussi longtemps qu’on ignorait :