Page:Le mécanisme du toucher, Marie Jaëll.pdf/59

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
43
le mécanisme du toucher

visuelles, la forme symétrique du carré. Cette incapacité provient de ce que les pulpes ont des sensibilités si variées que nous ne pouvons apprécier qu’à travers des déviations considérables les distances qui séparent leurs contacts respectifs par quelles combinaisons que nous agencions les attouchements, ils éveilleront toujours, dans nos représentations visuelles, l’altération des formes[1].

Analyser par les changements de nos représentations visuelles, les modifications intervenues dans nos contacts, dans notre sensibilité, est une étude instructive. Elle nous familiarise avec le caractère si extraordinairement mouvant de nos sensations, en nous permettant d’étudier d’une façon spéciale l’influence exercée par la fatigue sur nos représentations visuelles et par conséquent sur nos mouvements.

Chaque écart réalisé pour maintenir entre deux de nos doigts un objet allongé, évoque non seulement des représentations visuelles grandissantes proportionnées à la durée des contacts, mais les écarts réalisés par nos doigts peuvent nous faire perdre momentanément la

  1. note. — Ces expériences se font à l’aide d’un carré en bois, non poli, de 4 centimètres de diamètre, dont le bord, très légèrement arrondi, a 1 centimètre et demi de hauteur. Chacun, en posant le pouce, l’index, le quatrième et le cinquième doigt de la main droite sur les angles pour maintenir le carré, sentira, en fermant les yeux, non seulement que ses impressions sont extraordinairement mobiles, mais que les distances respectives qu’il attribue à ses contacts ne lui permettent pas de se représenter la forme symétrique du carré qu’il tient entre ses doigts. Pour obtenir les déformations indiquées par la figure 11, on n’aura qu’à incliner les doigts dans les directions respectives notées, ce qui entraîne parfois un changement de position de la main comme lorsqu’on veut réaliser le no 2 après avoir réalisé le no 1.

    Afin d’augmenter la précision de l’expérience no 3 et no 4. il faut se former une représentation nette de l’amoindrissement des dimensions évoquées par