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dura peu : bientôt, quelques-uns d’eux se mirent à attaquer nos malades et nos blessés ; de sorte que ceux d’entre eux qui n’avaient pas la force de se traîner dans les rangs, reçurent sans retard, malgré leurs gémissements, le coup de grâce.

Nous nous imaginions que le tumulte cesserait ici et notre petite armée se mit en marche : mais dans peu nous vîmes la division la plus avancée reculer, et nous nous aperçûmes que nous étions entièrement environnés de sauvage. Nous attendions chaque instant l’arrivée de la garde que les Français, par les termes de la capitulation, nous avaient promise, pour voir cesser notre effroi. Mais aucune garde ne se montra. Les sauvages se mirent à enlever à chacun ses armes et ses habits ; et ceux de nous qui résistèrent, sentirent le poids de leurs casse-têtes. Je me trouvais par hasard dans l’arrière-garde, mais bientôt je partageai le sort de mes compagnons. Trois ou quatre sauvages me saisirent, et tandis que les uns tenaient leurs armes suspendues au-dessus de ma tête, les autres m’eurent bientôt ôté habit, veste, chapeau, boucles de mes souliers, sans omettre de me dérober l’argent que j’avais dans mon gousset. Comme ceci se passait près du passage qui débouchait des lignes sur la plaine, voisin d’un endroit où était postée une sentinelle française, je m’élançai vers elle, lui demandant protection : mais elle ne fit que m’appeler « un chien Anglais » et me repousser brutalement au milieu des sauvages.