Page:Le massacre au Fort George - La mémoire de Montcalm vengée - 1864.djvu/19

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ensemble, avec, ce qui me semblait, de l’indifférence.

Pour l’honneur de la nature humaine, je voudrais croire que cette flagrante violation de toutes les lois sacrées, procédait plutôt du caractère barbare des sauvages que j’avoue être en certaines circonstances impossible à contrôler et qui pouvaient peut-être maintenant avoir inopinément atteint cet état, plutôt qu’à une intention préméditée chez le général français. Un observateur sans préjugés, serait cependant porté à conclure qu’un corps de 10,000 soldats chrétiens, très-chrétiens, pouvait empêcher le massacre de devenir si général. Quelqu’en fut la cause, les conséquences en furent pour nous effroyables et sans parallèle dans les temps modernes.

Comme le cercle au centre duquel j’étais, se rétrécissait rapidement par la main de la mort et que notre trépas était évidemment peu éloigné, les plus déterminés de nous se résolurent à faire un effort vigoureux pour se frayer une voie à travers les sauvages, la seule chance de salut qui nous restait. Quelque désespéré que fut ce projet, on l’adopta, et vingt de nos guerriers s’élancèrent ensemble au centre des barbares. En un clin-d’œil, nous fûmes tous séparés et je n’appris que quelques mois plus tard le sort de mes compagnons. J’ai oui dire que six ou sept seulement réussirent à se sauver. Ne pensant qu’à mon salut, je fis de mon mieux pour percer les rangs de mes cruels ennemis. Quand depuis j’ai réflé-