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nie, éloigné d’une journée de chemin de Montréal. Mon arrivée les surprit ; ils n’étaient pas prévenus. À peine m’eurent-ils aperçu, qu’ils firent retentir du bruit de mon arrivée les bois, et les montagnes voisines ; tous, jusqu’aux enfans (car chez les sauvages on est soldat dès qu’on peut porter le fusil). Oui, les enfans eux-mêmes me donnèrent des marques de leur satisfaction. Nemittangoustena, Nemittangoustena, s’écrièrent-ils dans leur langue ! Ourionni cri namihoureg ; c’est-à-dire, notre père, notre père, que nous te sommes obligés de ce que tu nous procures le plaisir de te voir ! Je les remerciai en peu de mots de la bonne volonté qu’ils me témoignaient. Je ne tardai pas à m’acquitter auprès d’eux des devoirs de mon ministère. À peine eus-je fait dresser ma tente, que je me hâtai de les rejoindre. Je les conduisis au pied d’une grande croix, placée sur le bord de la rivière. Je leur fis à haute voix la prière du soir. Je la terminai par une courte exhortation, ou je tâchai de leur retracer les obligations d’un guerrier que la religion conduit dans les combats. Je les congédiai après leur avoir annoncé la messe pour le lendemain. Je comptais que ce serait le jour de notre départ : le mauvais temps trompa nos espérances. Nous fûmes obligés de camper encore ce jour-là, qui fut employé à faire les dispositions propres à assurer notre marche.

Sur le soir la libéralité d’un officier nous procura un de ces spectacles militaires sauvages, que bien des personnes admirent, com-