Page:Le massacre au Fort George - La mémoire de Montcalm vengée - 1864.djvu/35

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prié. Mon père, lui dit-il, n’appréhende pas, ce ne sont pas des éloges que je viens te donner ; je connais ton cœur, il les dédaigne ; il te suffit de les mériter. Eh bien, tu me rends service ; car je n’étais pas dans un petit embarras de pouvoir te marquer tout ce que je sens. Je me contente donc de t’assurer que voici tes enfans tous prêts à partager tes périls, biens sûrs qu’ils ne tarderont pas à en partager la gloire. La tournure de ce compliment ne paraîtra pas venir d’un sauvage : mais on n’aurait là-dessus aucun doute, si l’on connaissait le caractère d’esprit de celui qui le prononça.

J’appris chez M. de Montcalm la belle défense qu’avait faite, quelques jours auparavant, un Officier Canadien, nommé M. de Saintout : il avait été envoyé à la découverte sur le Lac Saint-Sacrement, lui onzième dans un seul canot d’écorce. En doublant une langue de terre, il fut surpris par deux berges Anglaises, qui, cachées en embuscade, l’attaquèrent brusquement. La partie n’était pas égale. Une seule décharge faite à propos sur le canot, aurait décidé de la victoire ou de la vie des Français. M. de Saintout, en homme sage, gagna à la hâte une île qui formait dans le Lac un rocher escarpé. Il fut vivement poursuivi par les ennemis. Mais il suspendit bientôt leur ardeur par une décharge qu’il fit faire sur eux avec autant de prudence que de bonheur. Les ennemis, déconcertés pour quelques momens, revinrent bientôt à la charge ; mais ils furent de nouveau si bien reçus, qu’ils prirent le parti