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liberté que les Français s’y permettent, et l’ennui qu’ils portent peint jusques sur leur front, ne sont que trop souvent le sujet de leur scandale. Ce sont là d’heureuses dispositions pour en faire un jour de parfaits chrétiens.

Voilà les occupations auxquelles je me livrai avec bien du plaisir durant notre séjour aux environs du fort Vaudreuil. Il ne fut pas long ; le troisième jour expiré, nous reçûmes l’ordre d’aller rejoindre l’armée française, campée à une lieue plus haut, vers le Portage, c’est-à-dire, vers l’endroit où une grande chûte d’eau nous obligeait de transporter par terre, dans le lac Saint-Sacrement, les munitions nécessaires pour le siège. On fesait les dispositions pour le départ, lorsqu’elles furent arrêtées par un spectacle qui fixa tous les yeux.

On vit paraître au loin, dans un des bras de la rivière, une petite flotte de canots sauvages, qui, par leurs arrangemens et leurs ornemens, annonçaient une victoire. C’était M. Marin, officier canadien d’un grand mérite, qui revenait glorieux et triomphant de l’expédition dont on l’avait chargé. À la tête d’un corps d’environ deux cents sauvages, il avait été détaché pour aller en parti vers le Fort Lydis ; il avait eu le courage, avec un petit camp volant, d’en attaquer les retranchemens avancés, et le bonheur d’en enlever un principal quartier. Les sauvages n’eurent que le temps d’emporter trente cinq chevelures de deux cens hommes qu’il tuèrent, sans que leur victoire