Page:Le massacre au Fort George - La mémoire de Montcalm vengée - 1864.djvu/43

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suffisamment, et au-delà, la petite supériorité que nous pouvions avoir du côté du nombre. Cependant nos gens ne balancèrent pas à aller engager l’action ; l’ennemi parut d’abord accepter le défi de bonne grâce : mais cette résolution ne se soutint pas. Les français et les sauvages, qui ne pouvaient raisonnablement fonder l’espérance de la victoire que sur l’abordage que leur nombre favorisait, et qui d’ailleurs, risquaient tout à se battre de loin, se mirent à serrer de près l’ennemi, malgré la vivacité du feu qu’il fesait. L’ennemi ne les vit pas plutôt à ses trousses, que la terreur lui fit tomber les armes des mains. Il ne rendit plus de combat, ce ne fut plus qu’une déroute. De tous les partis le moins honorable sans contredit, mais, qui plus est, le plus dangereux, était de gagner la grève. C’est celui auquel il se détermina. Dans l’instant on les voit tirer avec précipitation vers le rivage : quelques-uns d’entr’eux, pour y arriver plutôt, se mettent à la nage, en se flattant de pouvoir se sauver à la faveur des bois ; entreprise mal concertée, dont ils eurent tout le temps de pleurer la folie. Quelque vitesse que les efforts redoublés des rameurs pussent donner à des bateaux que l’art et l’habileté de l’ouvrier avaient rendus susceptibles de célérité, elle n’approchait pas, à beaucoup près, de la vitesse d’un canot d’écorce ; il vogue, ou plutôt il vole sur l’eau avec la rapidité d’un trait. Aussi les anglais furent-ils bientôt atteints. Dans la première chaleur du combat, tout fut