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à laquelle il est lié avec une fidélité digne de tous les éloges.

Arrivé à Montréal, je comptais y prendre un repos nécessaire ; mais les sauvages y multiplièrent si fort mes occupations, et toutes furent si peu consolantes que je hâtai mon départ pour ma mission. J’avais une raison de plus de me presser ; il s’agissait d’acquitter la parole que j’avais donnée à MM. les officiers anglais, de ne point m’épargner dans ce village pour engager les sauvages à la restitution du reste des prisonniers. Il était temps d’y venir mettre la main à l’œuvre. Un de nos canadiens, échappé des prisons de la nouvelle Angleterre, ne tarissait point sur les mauvais traitemens qu’il y avait essuyés ; il rapportait même qu’un Abnakis, pris à l’action de M. de Dieskau, avait péri de faim cet hiver dans les prisons d’Orange. Cette nouvelle ébruitée aurait pu faire périr bien des innocens. Je suis venu à bout de l’ensevelir dans un silence profond, qui a favorisé le départ de tous les anglais injustement détenus dans les fers.

Voilà l’histoire fidèle de tous les événements qui ont signalé la campagne qui vient de se terminer ; vous y avez vu avec satisfaction, que la valeur française s’y est soutenue avec éclat, et a opéré des prodiges : mais vous avez dû aussi vous apercevoir que les passions font partout les mêmes ravages, et que nos sauvages, pour être Chrétiens, n’en sont pas plus irrépréhensibles dans leur conduite. Leur vie errante et vagabonde n’est pas une des moindres