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CHAPITRE V

ESCHATOLOGIE SYNTHÉTIQUE.


Le livre des Paraboles n’a point encore livré son secret. Son Messie, Élu, Fils de l’homme, qui n’intervient que pour juger le monde est-il une création homogène, inspirée par Daniel ? n’est-ce que le résultat d’idées mal assemblées par des interpolateurs ? Quoi qu’il en soit, il est certain que cette figure était tout au plus parallèle à la tradition nationale. Cette tradition a dû toujours dominer, et, si on s’en est écarté, on y est revenu, sans pouvoir maintenir le Messie dans les hauteurs où l’avait fixé le livre des Paraboles, mais en tenant compte cependant de l’origine mystérieuse qu’il lui avait assignée. Il fallait d’une part faire intervenir le Messie céleste dans l’histoire et spécialement pour sauver les Juifs et leur faire goûter des temps heureux, d’autre part, concilier ce messianisme terrestre traditionnel avec la préoccupation, de plus en plus dominante, du sort des justes et des réprouvés à la fin des temps. C’est à quoi s’appliquèrent les voyants après la chute de Jérusalem sous Vespasien, lorsque se posa avec plus d’acuité que jamais le problème des promesses faites aux Juifs. La rétribution dans un autre monde ne suffisait pas, pensait-on, pour satisfaire la justice, l’ordre étant violé sur la terre du chef de ce châtiment infligé aux Juifs par les Romains qui valaient moins qu’eux.

C’est surtout de ce point de vue terrestre que se préoccupe le Ve livre sibyllin.

C’est, de l’aveu de tous, une composition hybride. L’ensemble est juif, avec quelques interpolations chrétiennes[1], car il vaut mieux supposer des interpolations qu’un rédacteur judéo-chrétien[2], tant le sentiment vraiment juif l’emporte.

Toute la question est de savoir si ce Juif écrivait peu après la prise

  1. Entre autres 256-259 où l’homme céleste qui étend les mains sur du bois et rappelle Josué est évidemment Jésus-Christ.
  2. C’était l’opinion d’Alexandre.