Page:Le messianisme chez les Juifs.pdf/142

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Et après cela, Abraham ressuscitera et Isaac et Jacob pour la vie, et moi et mes frères nous serons chefs des tribus dans Israël, Lévi le premier, moi le second, Joseph le troisième, Benjamin le quatrième, Siméon le cinquième, Issachar le sixième, etc.

Zabulon, après avoir annoncé le pardon qui suivra la faute[1] :

Je ressusciterai de nouveau au milieu de vous, comme un chef au milieu de ses fils, et je me réjouirai au milieu de ma tribu, de ceux qui auront gardé la loi du Seigneur, et les commandements de Zabulon leur père.

Benjamin[2] :

5. Gardez les commandements de Dieu, jusqu’à ce que le Seigneur révèle son salut sur toute la terre ; 6. Alors vous verrez Enoch, et Seth, et Noé et Abraham et Isaac et Jacob ressuscitant à droite dans l’allégresse. 7. Alors nous ressusciterons nous aussi, chacun dans sa tribu, et nous adorerons le roi céleste.

On le voit, tout cela est parfaitement juif. Dans le nouvel ordre, les cadres anciens seront conservés. La résurrection n’a pas l’air très spirituelle. Cependant, même dans ce cas, elle suit le messianisme historique ; elle appartient à sa manière à un au-delà de l’histoire.

Bien différente est l’eschatologie du livre des Paraboles (xxxvii-lxxi), car c’est bien encore des fins dernières qu’il traite. Cette phase est présidée par l’Élu ou le Fils de l’homme, mais c’est que le Messie a été transporté de son domaine propre dans un domaine transcendant, ou, pour mieux dire, que son rôle de Messie s’est transformé en celui de Juge lors du dernier jugement. Il est dès lors très naturel que la résurrection précède le jugement par l’Élu, mais ce ne sont pas là des temps messianiques.

En ces jours, la terre rendra son dépôt, et le scheol rendra ce qu’il a reçu, et les enfers rendront ce qu’ils doivent. Il (L’Élu) choisira parmi eux les justes et les saints, car il est proche le jour où ils seront sauvés[3].

Les pécheurs seront livrés aux anges pour le châtiment ; les justes mangeront « avec ce Fils de l’homme », ils se coucheront et se lèveront pour les siècles des siècles[4], ce qui sans doute doit s’entendre d’une façon symbolique. Le caractère tout à fait transcendant de cette béatitude serait encore plus certain si l’on pouvait regarder

    mais te passage semble chrétien : « Et ceux qui sont morts dans la tristesse ressusciteront, et ceux qui sont morts pour le Seigneur se réveilleront » ; d’après la version arménienne, moins interpolée.

  1. T. Zab., x, 2.
  2. T. Benj., x, 5 ss., d’après l’arménien.
  3. Hén. éth., li, 1 s. (Trad. Martin).
  4. lxii, 14.