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TROISIÈME PARTIE

LE MESSIANISME D’APRÈS LE PHARISAÏSME RABBINIQUE


CHAPITRE PREMIER

LE RABBINISME. — LA TRADITION. — SON CARACTÈRE.


Ceux qui ont écrit les apocalypses étaient juifs et des Juifs attachés à la Loi, respectueux des Écritures. Il serait, croyons-nous, malaisé de prouver qu’ils ont subi, plus que le commun de la nation, des influences étrangères ; le plus grand nombre a appartenu au parti des Pharisiens et quelques-uns avaient peut-être de leur vivant réputation de docteurs. Mais ils n’ont point formé un groupe, ils ne s’appuyaient point sur une tradition. En recourant à des révélations pour obtenir plus d’autorité, ils avaient chance d’entraîner des âmes laïques, mais cela même dut les rendre suspects à ceux qui avaient déjà pris la direction spirituelle de la nation, et dont tout le crédit se fondait sur des Écritures déjà connues, canoniques et sacrées, les scribes[1]. Tandis que la sève apocalyptique s’épuisait peu à peu, la domination des scribes devenait plus absolue. Il n’est pas téméraire de conjecturer que ceci a tué cela.

L’influence des scribes date d’Esdras, qui est demeuré le modèle le plus admiré de ce type, le scribe rapide[2].

Le mot désigne à l’origine l’écrivain au sens matériel, celui qui écrit le livre[3]. Mais cette étymologie pouvait en hébreu se développer au-

  1. Voir avant tout dans Schürer, Geschichte…, II4, la section sur les scribes, p. 372-447, et les ouvrages de M. Bacher : Die Agada der Tannaiten, vol. Ier, deuxième édition, 1903 ; vol. II, 1890 ; Die Agada der Palästinensischen Amoräer, vol. I, 1892 ; II, 1896 ; III, 1899 ; Die Agada der babylonischen Amoräer, 1878, et de plus : Die älteste Terminologie der Jüdischen Schriftauslegung, 1899, et Die Bibel- und traditionsexegetische Terminologie der Amoräer, 1905.
  2. Esd. vii, 6.
  3. סוֹפֵר « scribe », סֵפֶר « livre ».