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à lui-même. Tant que la Loi demeurait en vigueur, quoique l’observation complète en fût impossible depuis la ruine du Temple, on conservait la foi dans les expiations dont elle formulait les règles. Le jour où les Apôtres entendirent ce que signifiait la mort expiatrice de Jésus, ils comprirent en même temps le vide des cérémonies anciennes. Le judaïsme, lui, était bien résolu à ne pas sacrifier la Loi à un texte d’Isaïe. Il répugnait à admettre un Messie souffrant, et pourtant il sut faire une place aux souffrances dans la vie du Messie ; il ne céda pas sur la mort.

On voulait bien que le Messie mourût, après un règne plein de gloire, mais que sa mission consistât à mourir pour tous les hommes, tout y répugnait : la perpétuité de la Loi, l’honneur du Messie, les privilèges d’Israël. Peut-être n’est-ce même pas sans une secrète influence du christianisme que le rabbinisme fit, très tardivement, une si large part aux souffrances expiatriccs ; il ne pouvait admettre la mort expiatrice sans rendre les armes.

Encore est-il qu’il n’aimait point à parler de la mort du vrai Messie, du Messie fils de David. Lorsqu’il est question dans les textes juifs du Messie mourant, on fait allusion au Messie fils de Joseph.


II. — LE MESSIE FILS DE JOSEPH.


Ce Messie fils de Joseph apparaît tout à coup, allégué au cours d’une discussion par un maître, comme s’il s’agissait d’une personne bien connue. Ce maître est un R. Dosa, mais on ne sait si c’est R. Dosa ben Harkinos, qui vivait déjà vers la fin du ier siècle, ou un second R. Dosa que M. Bacher place après Hadrien[1]. De toute façon il appartiendrait à l’époque tannaïte.

C’est à propos du célèbre passage de Zacharie : « Et je répandrai sur la maison de David et sur les habitants de Jérusalem un esprit de grâce et de miséricorde, et ils regarderont vers moi ; et celui qu’ils auront transpercé, ils pleureront sur lui comme on pleure sur le bien-aimé »[2]. Là-dessus[3] :

  1. x
  2. Zach. XII, 10 ; cf. fl/ ?., 1906, p. 57 s. Avec la correction du texte inassorétiqtie, 1^7 pour *>5", ce qui est d’ailleurs l’ancienne leçon du Talmud (DALMAS, /Jer leidende..,, p. 2).
  3. b. Soyeca, 52" ; « pT p rPCD S ? T2N TTI ’jjZI’l XDTT ’C’I wn JTUÜ ïpïi p îT !I-n 5 ? N’OS’À’Z vin ISN im ■CnM by TDDIZD ’l’tbï “j-rsoi npnx ’Sx Tûizn’I itoi. M. Klausner (Die ïness. Vorstellungen…, p. 93) ne voit pas dans notre texte une baraïtha proprement dite.