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A propos des deux faons jumeaux du Cantique, le Targum parle à deux reprises des deux sauveurs attendus d’Israël, couple répondant à Moïse et à Aaron[1].

Ces deux sauveurs sont tout uniment nommés les deux Messies, l’un, fils de David, l’autre, fils de Joseph, dans un texte attribué par Raymond Martini au midrach de la Genèse, et qu’on n’a pu y retrouver depuis. Peut-être ce passage est-il emprunté non pas au midrach classique, Berechith rabba, comme le porte le texte de frère Raymond Martini, mais au midrach de la Genèse de Mocheh ha-Darchan qui est perdu. Quoi qu’il en soit, le savant dominicain n’a pas inventé ce texte qui nous mettra peut-être sur la voie, quand il sera question de l’origine littéraire du Messie fils de Joseph. A propos de cet endroit : Issachar est un âne robuste (Gen. xlix, 14), le midrach continue[2] :

C’est ce que signifie : heureux, vous qui semez sur toutes les eaux (Is. xxxii, 20. Car la semence, c’est l’aumône et les œuvres de miséricorde, comme il est dit : Vous tous qui avez soif, venez aux eaux (Is. lv, 1). Et quiconque en agit ainsi mérite de recevoir Élie et les deux Messies. C’est ce que signifie : qui envoyez le pied du taureau et de l’âne (Is. xxxii, 20). Qui envoyez se rapporte à Élie, comme il y a : voici que je vous envoie Élie le prophète, etc. (Mal. iv, 5) ; le pied du taureau, c’est le Messie fils de Joseph, comme il y a : sa splendeur est celle d’un jeune taureau (Dt. xxxiii, 17), et l’âne, c’est le Messie fils de David, comme il y a : pauvre et monté sur un âne (Zach. ix, 9).

Nous ne pouvons citer ici tous les textes qui se rapportent à ce Messie. Ceux qui sont de basse époque accentuent son caractère belliqueux. Mais il semble qu’en même temps ils se préoccupent de le différencier du grand Messie. On pouvait sans grave conséquence parler de deux oints, ou même de quatre, quand le sens appellatif du mot n’était pas tout à fait perdu de vue, mais il importait de maintenir dans un rang unique le Messie fils de David. C’est probablement pour cela que l’oint pour la guerre fut nommé, par un léger changement de nom, Mechouakh et non pas Mechiakh[3].

Le rôle de ce second Messie demeure dans le vague. Il n’est pas seulement un lieutenant du grand Messie ; il a en lui-même sa raison

  1. x
  2. x
  3. Dalman, Der leidende…, p. 5 ss.