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ils appartenaient à la religion et ne pouvaient être interdits. Puis on restait.

Jérusalem, il est vrai, avait été profanée ; elle l’était encore par le campement de la Xe légion. Mais les Juifs savaient s’accommoder de ce voisinage dans d’autres villes.

Malheureusement les textes font presque absolument défaut. Les classiques païens sont muets. Les sources rabbiniques, interrogées par M. Schlatter, ont fourni quelques indices, d’autant plus précieux qu’ils viennent des maîtres de Iabné[1].

Le témoignage le plus important, quoique très peu précis, est celui de l’Église chrétienne. L’Église de Jérusalem, à partir d’Hadrien, ne compte plus que des Gentils. Mais la tradition s’était conservée d’une église plus ancienne, composée en grande partie d’éléments juifs d’origine, avec la succession régulière de ses évêques appartenant à la même race[2]. Il y avait donc là une communauté judéo-chrétienne importante. Les Juifs demeurés juifs n’avaient-ils pas de plus justes motifs de repeupler la Ville Sainte ?

Peu importe d’ailleurs le nombre plus ou moins considérable des Juifs habitant Jérusalem. Le feu couvait sous les cendres du Temple. Le contraste entre ces ruines et la prospérité de Rome ne pouvait abattre les âmes ardentes et croyantes.

Le Sifrê[3] raconte que Gamaliel II, Josué, Éléazar b. Azaria et Aqiba se trouvant à Rome, Aqiba répondit aux larmes des autres par un sourire.

Si Dieu donne cette heureuse fortune à ceux qui l’outragent, que ne fera-t-il pas pour ceux qui le servent ? Le quatuor monte à Jérusalem, et la scène se renouvelle. Des hauteurs du Scopus ils aperçoivent la ville et déchirent leurs vêtements. Sur la montagne du Temple, un chacal sort du saint des saints ! Aussitôt ils se rappellent les lamentations de Jérémie, la montagne de Sion où les chacals se promènent en liberté[4].

Et pendant qu’ils se lamentent, Aqiba sourit encore. Puisque Dieu a

    7-UCL yuvŒîxÊ ; o^iyocç Ttpbç üêpcv txÎ7+/ttrtY|V UTTO TWV noXepicwv Dans les discours cTÊIéazar à Masada.

  1. Tous n’ont pas h même valeur, Ainsi la présence à Jérusalem d+un tribunal supérieur à celui de labné doit être purement ^théorique dans la pensée d*Aqiba (Sanhéd. XI, 4 ; SCHLATTER, L p. 85. cite 6 ( ?). Mais on peut $e demander si les sept synagogues du pèlerin de Bordeaux et de saint Ëpîphane (De mens. el pond. 14) ne datent pas de ce temps.
  2. EUSEBE, ZL E. JV, G : irpuro ; p.&rà IQU ; IX Trçv TWV Ï.EiToufr- Y’av Mdtpy.o ;.
  3. Commentaire du DeuL, n* 43.
  4. Lam. vT 18.