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Page:Le oui et le non des femmes.djvu/69

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LE OUI ET LE NON DES FEMMES.

dans son propre désir, elle s’assied sous le feuillage vert, elle tend les bras à l’impossible, et le temps l’emporte. Toujours au fond des époques de débauche se cache une morne tristesse.

Eh bien, oui, Lucien avait deux amours dans le cœur ; il avait pour Marthe l’amour infini, idéal, saint, qui perpétue les mondes et l’humanité, et, pour Caroline, il avait l’autre amour, celui qu’il blâmait, et qui se vengeait de ses mépris. Il se disait qu’il ne l’aimait pas, qu’il ne pouvait l’aimer ; mais la passion frappait implacable à la porte de ce cœur troublé. Il se demandait, épouvanté, si c’était pour avoir perdu le sentiment de l’éternel qu’il était amoureux d’une femme qui lui déplaisait, amoureux d’elle seulement parce qu’elle était belle et qu’il voulait chercher dans ses bras les amours d’une journée, pour échanger ses désirs contre de vaines réalités jamais satisfaites.