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introduction.

-muid de grain qu’il assigne sur sa dîme de Villiers, alors que la première était assise sur sa vigne de Vauvert[1]. Parfois même le donateur transforme la rente en un autre revenu ou en donation de terre[2]. C’est ce qui se produit lorsque l’abbaye ne parvient pas à se faire payer la rente qui lui avait été concédée[3].


Les donateurs.

Les donateurs ou vendeurs restent, en grande majorité, des nobles : ils sont qualifiés, selon leur rang, de « noble homme », de « chevalier » ou « d’écuyer» ; lorsqu’ils possèdent un fief, leur nom est suivi de la mention de seigneur (dominus) et du nom de la terre.

Les grands seigneurs, eux, font des dons moins nombreux. On retrouve, comme bienfaiteurs du monastère, les comtes d’Auxerre et de Nevers[4]. Mais il est à remarquer que bien souvent ils se contentent de confirmer des dons faits auparavant par leurs parents[5].

Il en est de même pour les rois de France, tel saint Louis qui, en 1248, confirme les privilèges accordés par ses prédécesseurs[6]. Seul le roi d’Angleterre, Henri III, dote Pontigny d’une forte rente, à charge pour les moines d’entretenir une lampe près de la châsse de saint Edme[7].

Par contre, les dons des ecclésiastiques ont nettement augmenté. Mais ce ne sont plus les prélats régionaux qui enrichissent l’abbaye les seuls dons concédés par de hauts dignitaires de l’église proviennent des archevêques de Cantorbéry[8], de celui de Rouen[9] et de l’évêque d’Arras[10].

Les abbayes, elles, passèrent quelques accords avec Pontigny, firent quelques ventes, telle Saint-Bénigne de Dijon[11], mais aucune ne consentit de don.

Ce sont surtout de simples clercs, des chanoines et quelques curés qui dotèrent le monastère de rentes, de terres et de vignes une trentaine de donations peuvent être relevées dans le cartulaire et qui proviennent de ces hommes.

Enfin une nouvelle catégorie sociale permit à Pontigny d’accroître son patrimoine : les bourgeois. Mais il ne faut pas exagérer l’importance de ces dons, car nous ne relevons que six actes par lesquels Pontigny reçoit quelques biens à Auxerre, Dijon, Troyes et Sens[12].


De cette brève étude du temporel de Pontigny dans les deux premiers tiers du xiiie siècle il ressort donc que la richesse du monastère ne semble pas

  1. N° 215 ; voir aussi nos 235, 255.
  2. nos 40, 198.
  3. nos 40, 246.
  4. nos 205, 239, 303, 305.
  5. Ex. : nos 306, 307.
  6. N° 284.
  7. N° 211.
  8. N°241 et suiv.
  9. N° 260.
  10. N° 318.
  11. nos 350, 365, 389.
  12. nos 310, 386, 387, 388, 410, 418.