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Page:Le premier cartulaire de l'Abbaye cistercienne de Pontigny.pdf/67

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CHAPITRE III

OBSERVATIONS DIPLOMATIQUES TIRÉES DU CARTULAIRE


Il est inutile de revenir ici sur le grand intérêt historique de ce document. En l’absence de toute autre sorte de texte diplomatique ou comptable concernant Pontigny à cette époque, c’est grâce à lui que l’on peut esquisser l’histoire du monastère pendant ses deux premiers siècles de vie. Mais il nous permet aussi d’une façon détournée d’obtenir des renseignements sur la noblesse locale, et, en particulier, peut aider à compléter des arbres généalogiques par les listes de témoins. On peut surtout, à travers les actes glaner des précisions sur toutes les institutions de la région et sur son histoire économique.

En plus de son intérêt historique évident, le cartulaire de Pontigny nous fournit de nombreux renseignements diplomatiques. Il n’est pas question de faire ici une étude de diplomatique complète des actes de ce recueil, mais de présenter quelques remarques sur des points qui semblent importants.


I. Éléments du discours diplomatique.

L’invocation et l’adresse.

Au XIIe siècle, 60 %des actes commencent par une invocation verbale, alors que 30 débutent directement par la suscription de l’auteur de l’acte, et que le reste comporte en tête une notification universelle[1].

À une exception près[2], cette invocation est toujours trinitaire, sous la forme : In nomine sancte et individue Trinitatis. Elle n’est nullement spécifique des chartes ou des notices et l’on peut la voir figurer dans les unes ou les autres[3]. Il n’y a pas de règle générale pour son emploi. Bon nombre de prélats la font figurer dans leurs actes. Si pour les évêques d’Auxerre on voit nettement que c’est avec Hugues de Montaigu et Hugues de Mâcon qu’elle prévaut, chez les archevêques de Sens, les évêques de Troyes ou de Langres il ne semble pas qu’il y ait de principe rigoureux plusieurs actes de l’archevêque de Sens, Hugues de Toucy, comportent une invocation dans les années 1166-1167, alors que certains autres du même auteur commencent directement par le pronom : Ego…

Les hommes d’église ne sont pas les seuls à l’employer parfois les nobles, hauts barons ou simples seigneurs, la mettent en tête de leurs actes.

  1. Sous la forme : Notum sit omnibus…, sauf dans les mandements où l’adresse est personnelle.
  2. No 111 : invocation au Christ.
  3. Ex. : no 63 qui est une notice ; no 65 qui est une charte.