Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/92

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la façon dont on me poursuit, le fait d’avoir retenu simplement de ce long plaidoyer quelques lignes pour me poursuivre, que je protestais... je dis que c’est indigne de la justice et qu’en tout cas on ne peut pas prendre ces quelques lignes et se prononcer sur elles sans tenir compte de tout ce que j’ai dit. Car un écrit se tient, les phrases amènent les phrases, les idées amènent les idées, et retenir simplement quelque chose dans tout un article, parce que ce quelque chose me fait tomber sous le coup de la loi du silence, je dis que c’est indigne ! ... Voilà ce que je dis, et ce que j’ai dit. Je me suis mal exprimé, je ne me mets pas au-dessus de la loi, mais je suis au-dessus des procédures hypocrites ! (Applaudissements.)

Me Fernand Labori. — Bravo !

M. l’Avocat général Van Cassel. — Voyons, maître Labori, c’est vous qui avez donné le signal de ces bravos ?

M. Emile Zola. — Qui est-ce qui a dit cela ?

Me Fernand Labori. — C’est moi, mais franchement ça été le cri de ma conscience.

Me Albert Clémenceau. — Je voudrais vous dire un seul mot au sujet des conclusions déposées par mon confrère, vous soumettre un argument de fait, et la Cour me permettra de dire ces quelques paroles qui, malgré l’observation de M le Président, s’adressent aux jurés.

Il n’y a pas de discussion sur ce point, c’est que nous sommes autorisés à prouver que M. Emile Zola a accusé le premier Conseil de guerre d’avoir commis une illégalité. L’Avocat général vous a répété à plusieurs reprises : Le jugement du premier Conseil de guerre a la force de la chose jugée, c’est une légalité. Je crois qu’il n’y a pas de désaccord sur ce point. Nous avons à prouver que le second Conseil de guerre a couvert une illégalité ; eh bien ! je vous demande comment il est possible que nous fassions cette preuve, si nous ne commençons pas par établir qu’il y a une illégalité ?

Arrêt sur les conclusions relatives à l’audition
de Mme Alfred Dreyfus.
La Cour,

Statuant sur les conclusions prises par Zola et Perrenx :

Ouï le Ministère public, les prévenus et leurs défenseurs en leurs conclusions et plaidoiries

Et après en avoir délibéré conformément à la loi :

Considérant que les questions posées par la défense n’ont aucun rapport et aucune connexité avec les faits visés dans la citation : qu’il n’est pas permis d’ailleurs de prouver soit directement, par des voies détournées contre la chose jugée, même pour établir la vérité des faits diffamatoires ; que la bonne foi de Zola, sur laquelle on demande l’appréciation de la dame Dreyfus, n’a trait qu’à l’affaire de son mari, souverainement jugée par le Conseil de guerre et qui a été écartée du débats :

Adoptant au surplus les motifs énoncés dans l’arrêt rendu hier par la Cour ;