Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/103

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

expressément dans une lettre que c’est là un régiment de choix auquel il doit s’estimer heureux d’appartenir. Les lettres du général sont pleines d’expressions de sympathie et de cordialité.

Me Labori. — Pendant ce temps, monsieur le Président M. le colonel Picquart à entretenu une correspondance avec un de ses chefs. M. le général Gonse. M. Leblois a déjà parlé de certaines lettres de ce général, mais n’a-t -il pas connaissance d’une correspondance postérieure au départ du colonel Picquart du ministère de la guerre, et quel caractère avait cette correspondance ?

M. Leblois. — Je viens de l’indiquer, je disais que c’étaient des lettres par lesquelles on lui témoignait...

Me Labori. — Alors, c’étaient des lettres de M. le général Gonse ? M. Leblois a parlé tout à l’heure d’une lettre de menaces intervenue à un moment donné et qui, par conséquent, aurait semblé indiquer une modification dans l’état d’esprit qui régnait aux bureaux du ministère de la guerre. Pourrait-il nous dire à quelle époque cette lettre a été adressée au colonel Picquart. de qui elle émanait et dans quel esprit elle était conçue ?

M. Leblois. — J’ai déjà dit que cette lettre était du 3 juin 1897 ; elle émanait du lieutenant-colonel Henry, qui avait été le subordonné du colonel Picquart, et elle était conçue en des termes presque injurieux.

Me Labori. — Mais de quoi menaçait-on le colonel Picquart, et pourquoi ?

M. Leblois. — Je ne crois pas pouvoir répondre.

Me Clémenceau. — Je demande la permission de dire un mot afin qu’il n’y ait pas d’erreur dans les plaidoiries : le témoin a bien dit qu’à la même époque on saisissait les lettres du colonel Picquart au ministère de la guerre, qu’on lui laissait passer des télégrammes faux, et que le général Gonse, sous-chef d’état-major général, lui témoignait une grande bienveillance. Ce que je demande, c’est si ces trois faits se sont bien passés à la même époque ?

M. Leblois. — La réponse est assez simple : il faut distinguer entre deux ordres de faits complètement distincts : les faits de la fin de l’année 1896, qui se placent au moment du départ du colonel Picquart, et les faits de la fin de l’année 1897.

En ce qui concerne l’année 1896, je n’ai connaissance que d’une seule lettre fausse interceptée au bureau des renseignements, c’est la lettre signée Speranza. A ce moment-là, le général Gonse témoignait au colonel Picquart la plus grande sympathie.

En ce qui concerne les machinations de l’année 1897, je pense qu’on a intercepté des lettres, mais je préférerais que ce fût M. le lieutenant-colonel Picquart qui s’expliquât à cet égard.

Me Clémenceau. — Cependant, le témoin a dit tout à l’heure qu’on avait envoyé au lieutenant-colonel Picquart une lettre après l’avoir décachetée ?