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Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/161

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Je voudrais que M. Leblois nous dise si la déposition du témoin est exacte ?

M. Leblois. — Il est exact qu’au mois de novembre je suis allé faire une visite au colonel Picquart au ministère de la guerre, mais tout le reste de la déclaration qu'on vient de résumer est inexact.

M. Le Président. — Voyons, le témoin vient de dire...

M. Leblois. — Je lui donne un démenti absolu ; le témoin n’est pas entré dans la pièce où j’étais avec le colonel Picquart.

M. Gribelin. — Devant Dieu, je le jure, et je vous ai vu aussi bien que je vous vois en ce moment.

M. le Président, à M. Gribelin. — Vous y êtes entre pour allumer la lampe ? (Rires.)

M. Gribelin. — Non, monsieur le Président.

M. le Président. — Pour quel motif y êtes-vous entré ?

M. Gribelin. — Pour prendre congé du colonel Picquart, qui était mon chef à ce moment-là ; tous les soirs, avant de m'en aller, je lui disais bonsoir.

M. le Président. — Vous venez de dire tout à l'heure qu'on venait d’allumer la lampe ?

M. Gribelin. — Non, j’ai dit que, la lampe était allumée.

Me Labori. — L’observation de M. le Président a une très grande importance ; si on venait d’allumer la lampe, cela va donner une indication sur la date si on s’en rapporte à l'heure.

M. l’archiviste Gribelin parle de novembre et la Cour voit qu'il n’est pas absolument précis, parce que M. Leblois établit qu'à l’époque antérieure, il n’était pas à Paris et ne pouvait pas y être

M. Leblois. — M. Gribelin a déjà été convaincu d’inexactitude matérielle en ce qui me concerne, puisque, dans une déclaration qui peut être mise sous les yeux de la Cour, si elle veut bien en ordonner le dépôt, on verra que M. Gribelin a déjà raconté les mêmes faits et les a mis à la date du mois d'octobre, alors que je n’étais pas à Paris, comme je l’ai prouvé.

M. Gribelin. — J’ai toujours dit que cela avait dû se passer entre le 15 octobre et le 15 novembre ; je n’ai jamais indiqué une date précise ; j’ai dit qu’il était six heures ou six heures et demie du soir et que la lampe était allumée, tel que je vous ai vu à la gauche du colonel Picquart, aussi près que je suis de vous en ce moment.

M. Leblois. — Je fais remarquer que la déclaration de M Gribelin, fût-elle exacte, n’aurait qu’une importance des plus médiocres. (Bruits.) Mais dans sa médiocrité même, je la repousse absolument. Ses déclarations ont été placées par lui, dans deux dépositions faites sous serment, au mois d'octobre ; et, au mois d’octobre, je n’étais pas à Paris... Il est très commode de changer Les dates.

Me Labori. — Est-il exact que M. Gribelin ait, à un moment donné, sous la foi du serment, déclaré que les faits se soient passés au mois d’octobre ?