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Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/210

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mais le nom d'Esterhazy a été prononcé. » Alors j’insiste et je demande au témoin quelles sont les autres paroles que Mme de Boulancy a jointes à ce mot Esterhazy.

M. le docteur Socquet. — Je suis tout disposé à répondre mais cela sort de la mission que la Cour m’avait confiée. Si on n'y voit pas d’inconvénient, je dirai que lorsque j’ai examiné Mme de Boulancy, cette dame m’a raconté différents faits entre autres, comment elle était arrivée dans l’état où elle se trouve et les ennuis qu’elle éprouvait. Je l’ai laissée causer, car je tenais à me faire une opinion sur son état de santé : elle m’a parlé des lettres du commandant Esterhazy et m’a dit qu’elle avait porté plainte au Parquet, qu’une instruction était ouverte contre une personne qui avait abusé de ses lettres. Elle disait qu'elle avait confié ses lettres à une personne qui les avait trouvées intéressantes à lire et qui en avait fait un usage que Mme de Boulancy ne sut que plus tard. Elle me dit notamment que cette personne les avait confiées au Figaro et que lorsqu’elle lui rapporta ces lettres, M. Hamard, sous-chef de la sûreté, arrivait chez elle une heure après pour les saisir. Elle a ajouté que toutes ces lettres étaient du commandant Esterhazy. Voila tout ce que m’a dit Mme de Boulancy sur le commandant Esterhazy et sur ses lettres.

Me Clémenceau. — Le témoin a dit toutes ses lettres. Je voudrais qu’il comprît bien la portée de ma question. Est-ce que toutes ses lettres, cela veut dire celles publiées par le Figaro plus les autres lettres que Mme de Boulancy aurait encore en sa possession, ou qu’elle aurait déposées chez un de ses conseils ?

M. le docteur Socquet. — « Toutes ses lettres », voilà ce que m'a dit Mme de Boulancy. Six lettres plus une septième, celle qui porte le mot uhlan.

Me Clémenceau. — Elle a dit qu’elles étaient toutes authentiques ?

M. le docteur Socquet. — Oui, voilà ce qu’elle m’a dit je ne l'ai pas interrogée, je l’ai laissée causer, n’y voyant pas d’inconvénient.

Me Clémenceau. — Je ne fais pas de reproches au témoin, mais je voudrais savoir si quelqu’un n’a pas prononcé le mot de télégramme ?

M. le docteur Socquet. — Non, personne.

Me Clémenceau. — Je voudrais éviter toute équivoque. A-t-on parlé de petit bleu, de dépêches, je cherche enfin tous les synonymes ?

M. le docteur Socquet. — Par rapport au commandant Esterhazy ? Non.

Me Clémenceau. — A-t-on prononcé le mot de dépêche, de message téléphonique, télégraphique, que sais- je ?

M. le docteur Socquet. — Mme de Boulancy a prié une de ses nièces, présente lors de ma visite, d’envoyer un télégramme a son médecin traitant pour lui demander s’il avait des renseignements complémentaires à me fournir.