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Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/231

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Me Labori. — Je demande que M. Leblois soit invité à nous donner une description du cabinet de M. lieutenant-colonel Henry.

M. Leblois. — Je suis prêt à le décrire.

Ce cabinet que je n’ai vu qu’une fois lors de cette conférence, se trouve à la première porte à droite dans le couloir ; la table du lieutenant-colonel Henry est entre deux fenêtres qui donnent toutes deux sur la rue de l’Université ; le siège du lieutenant-colonel Henry tourne le dos au mur. C'est sur cette table qu’était placé le dossier de l'affaire Boulleau. Maintenant, si le jury et la Cour le désirent, je puis donner quelques détails...

M. Le colonel Henry. — C’est une description de mon cabinet à peu près exacte ; mais j’affirme que je n'ai pas vu M. Leblois dans mon bureau ; s’il y est venu quand je n'y étais pas, c’est possible ; mais j’affirme que je ne l'y ai pas vu.

Me Labori. — Cette question a un gros intérêt, quelque minime qu’elle paraisse. La question s’est posée de savoir si M. Leblois avait conféré avec M. le lieutenant-colonel Henry, et le souvenir de M. le colonel Henry ne paraissant pas fixé d’une façon très nette, nous nous sommes demandé si c'était dans son cabinet ou dans celui de M. le colonel Picquart qu'on avait conféré. M. le colonel Henry prétend que M. Leblois n'est jamais entré dans son cabinet ; je viens de procéder à une petite opération qui a frappé le jury. Maintenant, je prie M. le Président de vouloir bien poser à M. le lieutenant-colonel Henry la question de savoir s’il maintient énergiquement son affirmation comme M. Leblois maintient la sienne ou si, au contraire, il reconnaît que sa mémoire peut, a cet égard, lui faire défaut.

M. le colonel Henry. — Ma mémoire peut me faire défaut mais je ne me le rappelle pas du tout.

M. Leblois. — Je vous répète que je fais appel aux membres du Conseil de guerre. M Henry a reconnu qu’il avait conféré avec moi sur cette affaire, et, maintenant, s’il est nécessaire, je vais entrer dans quelques détails sur la conférence qui a duré plusieurs heures.

M. le Président. — Oh ! ce n’est pas nécessaire.

Me Labori. — Si M. le colonel Henry rend hommage à la mémoire de M. Leblois, je n’insiste pas !

M. Leblois. — Je suis en état d’indiquer un point particulier qui rafraîchira certainement la mémoire de M. Henry.

Me Clemenceau. — J’espère que M. le Président pourra cette fois autoriser cet éclaircissement.

M. Leblois. — Je ne crois pas qu’il y ait intérêt à laisser les démentis s’échanger ainsi sans rien tirer au clair.

M. le Président, à M. Leblois. — Donnez ces renseignements en deux mots.

M. Leblois. — Un des points les plus importants de cette affaire était la déclaration d’un commandant de Nancy, le