Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/253

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ment où vous étiez conditionnel ? » Et M. de la Batut a répondu : «Oui.» — Je crois que c’est sur cette affirmation qu’il est parti. (Mouvements dans l’auditoire.) Ici, pas de discusion, les murmures ne peuvent rien changer à ce qui a été dit ; la sténographie rappellera exactement ce qui s’est passé.

M. du Paty de Clam. — Je crois qu’il y a une différence entre avoir quelqu’un sous ses ordres et être chargé d’un cours pour les volontaires d’un an. Chargé d’un cours, je n’avais pas les volontaires sous mes ordres pour leur faire faire des compositions françaises ; la personne qui était chargée des volontaires était, si je ne me trompe, le lieutenant Laverdet ; je ne peux préciser, à vingt-deux ans d’intervalle, dans un régiment que j’ai quitté depuis si longtemps ; je donne ce renseignement absolument sous réserve.

Je n’étais donc pas chargé des volontaires d’un an ; je ne les avais sous mes ordres que pour la topographie et on comprendra bien que, dans une composition où il s’agit d’intelligence et de canon, il n’est pas question de topographie ; que cette composition, d’ailleurs, dans laquelle j’aurais dit que l’intelligence est inférieure au canon, est absolument contraire à mes idées, contraire à celles que mes amis et mes chefs me connaissent... A ce point de vue, les souvenirs de M. de la Batut sont absolument inexacts ; il se trompe, voilà tout, je le maintiens d’une façon formelle. Quant à la punition, elle n’a pu être portée par moi qui n’étais pas chargé du cours de français des volontaires d’un an, et le lieutenant-colonel, en prononçant cette punition, l’a prononcée sur le rapport du professeur de composition française.

Me Clémenceau. — En résumé, il est établi que jamais M. de la Batut n’a dit dans sa déposition que M. du Paty de Clam ait corrigé les compositions en question.

M. du Paty de Clam. — Je crois qu’entre deux hommes d’honneur, il n’y aucune honte à reconnaître que nous avons pu nous tromper... Vous avez mal entendu vous-même, monsieur le Président... Si c’était comme cela, j’ai peut-être aussi, moi qui étais plus loin, mal entendu également. Je regrette et je retire ce que j’ai dit.

M. le Président. — C’est un malentendu. M. l’Avocat général. — Je vous prie de me permettre une observation. La déposition de M. de la Batut ne pouvait avoir d’intérêt ici que si elle visait M. du Paty de Clam ; or, il est établi, du consentement de tout le monde, qu’elle ne le vise pas,

Me Clémenceau. — La loi donne aux défenseurs le droit de s’expliquer les derniers et, dans notre plaidoirie seulement, nous vous dirons, messieurs les jurés, quel argument nous prétendons tirer de la déposition exacte de M. de la Batut.

M. le Président, aux témoins. — Messieurs, vous pouvez vous retirer.

(A l’huissier audiencier) — Appelez M. Pauffin de Saint-Morel.