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Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/262

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et que cette pièce n'avait été soumise préalablement ni à l’accusé ni au défenseur. ?

M. Le Président. — Je vous ai dit que cette question ne serait pas posée.

Me Clémenceau. — Alors, je demande acte à la Cour...

M. le Président. — La Cour vous donne acte de tout ce que vous voudrez...

Me Clémenceau. — Oh ! monsieur le Président, les conclusions n’étant pas posées, je crois que vous allez peut-être un peu vite. Ce que je demande au témoin est chose intéressante.

M. le Président. — La prévention concernant l'affaire Esterhazv...

Me Labori. — Je n’ai pas dit cela... Je reprends ma question pour qu’il n’y ait pas confusion. J’ai prié M. le Président de vouloir bien poser à M. Salles la question suivante : M. Salles sait-il un fait grave qui intéresse la prévention dirigée contre M. Zola, fait qui puisse être, au point de vue de la moralité et de la bonne foi, utile à M. Zola ? Je demande que la question soit posée dans ces termes à M. Salles.

M. le Président, au témoin. — Connaissez-vous quelque chose qui, dans l’affaire Esterhazy...

Me Labori. — Je demande que la question soit posée dans les termes où je l’ai indiquée.

M. le Président. — Je vous demande pardon, vous n'avez pas le droit de poser des questions détournées pour arriver a un but auquel vous ne devez pas atteindre.

Me Labori. — Monsieur le Président, je n’ai pas un but détourné.

M. le Président. — Je vous demande pardon !

Me Labori. — Je n’accepte pas des observations qui tendent à dire que je veux atteindre un but par des voies détournées.

M. le Président. — Vous connaissez la citation, vous connaissez l’arrêt de la Cour, n’en sortons pas.

Me Labori. — Je n’en sors pas. Et je vais vous dire, monsieur le Président, puisque vous vous en prenez personnellement à moi, que si, comme j’en suis convaincu, vous venez ici voulant la lumière, ignorant tout de cette affaire, vous ne savez pas ce que j’attends de cet homme ! Mais si, quand je vous propose de poser la question que je viens de vous soumettre, vous me le refusez, je dis que vous savez la réponse qui serait faite, je dis que vous me faites un procès de tendance et que je ne l'accepte pas !

M. le Président. — Je vous le répète, je ne poserai de questions qu’en ce qui concerne l’affaire Esterhazy et pas en ce qui concerne l’affaire Dreyfus.

Me Labori. — Je ne parle pas de l’affaire Dreyfus. Je vous demande bien pardon, mais nous touchons ici au point culminant de ce débat. J’ai l’honneur, monsieur le Président, de vous demander la permission de prendre des conclusions afin d'ap-