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Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/302

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montré ce dossier à M. Leblois, absolument jamais ; que, bien plus, je ne lui en ai jamais parlé.

On parle toujours de documents secrets, de dossiers secrets : et on confond un peu tout cela. Il n’y a qu’un dossier secret ; celui gui contenait cette pièce : « Cette canaille de D... » Quant à la pièce secrète dont parle le général de Pellieux, c'est tout simplement le petit bleu du dossier Esterhazy.

Je vous ai dit, en commençant, que le commandant Henry m’avait écrit une lettre dans laquelle il me reprochait, au deuxième paragraphe, d’avoir essayé de faire dire par un de mes officiers qu’une pièce donnée était écrite par une personne donnée. Lorsque j’ai apporté la lettre à M. Leblois, j ai bien été obligé de lui dire : « Voici une pièce qui se rapporte au commandant Esterhazy et au sujet de laquelle on méfait telle communication. » Et c’est là la communication secrète dont parie le général de Pellieux ! Il importe de rétablir les faits.

Maintenant, il y a encore des choses sur lesquelles j'ai à revenir. J’ai lu la déposition d’hier du général de Pellieux ; dans la partie qui me concerne, j’ai vu des choses qui m'ont frappé, qui m’ont étonné même. Lorsque j’ai eu ma deuxième entrevue avec le général de Pellieux, le général m'a dit : « Vous avez fait perquisitionner chez Esterhazy. » J ai eu le tort d'accepter le mot ; car je n’ai pas fait perquisitionner chez le commandant Esterhazy et je tiens à dire d’une façon très nette ce qui s’est passé à ce sujet.

C’était après la publication de l’article de l'Eclair, au moment où Esterhazy, à mon avis, était prévenu ; il savait certainement, grâce à cet article, que le bordereau était connu... A ce moment, comme l’enquête ne faisait plus guère de progrès, un de mes chefs me parla de la question de perquisition ; j'avoue que je ne trouvai pas le moment opportun ; il me semblait que cela aurait dû être fait plus tôt.

A ce moment, si Esterhazy se trouvait prévenu, il avait pu faire disparaître tout ce qui pouvait le compromettre. Pourtant, désireux de faire ce qui m’était demandé, je parlai de la chose à l’agent qui surveillait Esterhazy et qui connaissait ses êtres. Je lui dis : « Voilà ce qu’on me demande, je crois qu'une perquisition serait un four.....» Je vous demande pardon de l'expression..... Il me répondit : « Il y a une chose bien simple, il est allé à Rouen ; mais je ne sais pas s’il a déménagé, je vais m’en assurer. » Je crois me souvenir qu il me dit, en outre, qu’il y avait un écriteau indiquant que l'appartement était à louer... Il alla voir l’appartement, sous prétexte de location et il me rapporta comme preuve une carte de visite qui trainait à terre et sur laquelle quelques mots étaient écrits ; Il me dit qu'il y avait beaucoup de papiers brûlés dans la cheminée, et c'est tout. Je lui rendis la carte et l’invitai à la reporter à sa place.

Lorsque le général de Pellieux m’a interrogé à ce sujet il m’a raconté qu’on avait cambriolé la maison, qu'on avait fait faire