Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/421

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(M. le Président donne à nouveau lecture de la dépêche de M. Papillaud.)

M. Jaurès. — Monsieur le Président, je répète à nouveau, avec les circonstances les plus précises, que je confirme de la manière la plus absolue les deux affirmations de ma déposition; j’ajoute que dans les controverses entre amis, — car depuis bien des semaines les amis les plus intimes sont divisés, et il y a de mes amis qui n’éprouvent pas, sur le cas de M. Esterhazy et sur la conduite du procès, le même sentiment que moi, — je me suis souvent servi auprès d’eux, notamment auprès de mes amis du journal 'La Dépêche, qui n’ont pas sur l’affaire les mêmes conceptions que moi, je me suis servi des affirmations très précises qu’avait faites M. Papillaud.

Je répète à nouveau que je confirme de la manière la plus absolue, la plus nette, la plus ferme et la plus précise, ma déposition d’avant-hier.

J’ajoute que cette question a suscité, entre les amis les plus intimes, bien des controverses qui les ont divisés. J’avais des amis qui n’avaient pas le même sentiment que moi sur le cas du commandant Esterhazy et je me suis souvent servi, dans la discussion, auprès d’eux, du récit que m’avait fait M. Papillaud.

M. le Président, à l'huissier audiencier. — Faites venir M. Bertillon.

DÉPOSITION DE M. BERTILLON
(Suite)

M. le Président. — Témoin, avez-vous pu obtenir les pièces dont vous nous avez parlé, au ministère de la guerre?

M. Bertillon. — Non.

Me Labori. — J’aurais diverses questions à poser au témoin.

Me Clémenceau. — Est-ce que nous ne pourrions pas avoir plus de détails sur la non-obtention de ces pièces? Je voudrais que M. Bertillon nous fît connaître dans quelles conditions il les a demandées et dans quelles conditions on les lui a refusées.

M. Bertillon. — Je reste sur le terrain de ma dernière déposition.

M. le Président. — Témoin, Me Clemenceau vous demande comment vous avez demandé ces pièces et comment on vous les a refusées! (A Me Clemenceau.) C’est bien la question?

Me Clémenceau. — Oui.

M. Bertillon. — Ces pièces sont la propriété du ministère de la guerre. Quand j’ai agi en 1894, ce n’est pas comme fonctionnaire, c’est comme expert, c’est-à-dire comme un particulier. Ces pièces ont été payées 800 francs par le ministère de la guerre. J’ai versé cette somme à la caisse municipale, attendu