Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/476

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possible ce propos que M. Teyssonnières prête à M. Scheurer-Kesiner, en ce qui concerne Me Démange : « Il faut qu’il soit largement payé pour faire de pareilles démarches en faveur de Dreyfus » ?

M. Trarieux. — C’est d’une grossière invraisemblance, à moins que M. Scheurer-Kestner ne l’ai dit en riant à M. Tevssonnières.

M. Teyssonnières. — Peut-être bien !

M. Trarieux. — Si M. Teyssonnières, emporté par sa conviction, a maintenu que Dreyfus était coupable et que sa culpabilité était démontrée par son expertise... je ne sais pas... mais il ne serait peut-être pas impossible que, en se moquant de lui, une pareille réflexion ait été faite par M. Scheurer-Kestner. Ce que je puis dire, en tous cas, c’est que ce serait une infamie de supposer qu’une pareille pensée ait traversé l’esprit de M. Scheurer-Kestner !

Me Labori. — Encore un mot, monsieur le Président.

M. le Président, à l’huissier audiencier. — Appelez un autre témoin.

Me Labori. — Encore une question, monsieur le Président Je voudrais demander à M. Trarieux de nous dire, en un mot. s’il n’a pas l’impression que les convictions de M. Tevssonnières sur la culpabilité de Dreyfus et sur le mérite de son expertise l’amènent à s’aveugler lui-même et à suivre toujours la même piste, son esprit étant la dupe d’une autosuggestion, qui peut lui faire voir les choses suggestivement, c’est-à-dire autrement qu’elles ne sont en réalité ?

M. le Président. — C’est une opinion que vous demandez-là, ce n’est pas un fait.

M. Trarieux. — Je dirais qu’en effet, souvent, on crée des montagnes qui enfantent des souris et, quand une idée prédomine, on peut arriver à un parti pris dans lequel on s’obstine, qui peut conduire à ces résultats. Je ne puis dire autre chose.

M. le Président, à l’huissier audiencier. — Faites venir le témoin suivant.

DÉPOSITION DE M. CHARAVAY
Archiviste paléographe.

(Le témoin prête serment.)

Me Labori. — Monsieur le Président, est-ce que M. Charavay sait si le borderau Esterhazy-Dreyfus est une pièce qui a été écrite à main courante ou qui est faite de mots rapportés et calqués ?

M. Charavay. — Monsieur le Président, je ne peux répondre en aucune façon h la question qui m’est posée. Il est de règle, parmi les experts en écriture, de ne se préoccuper d’un rapport