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Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/519

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M. l’Avocat général. - Ceux de l’affaire Esterhazy, M. Charavay et autres.

Me Clemenceau. — Ne serait-ce pas le huis clos qu'on veut violer, monsieur le Président ?

M. l’Avocat général. — Non, il n’y avait pas de huis clos... le témoin doit savoir de quels experts je veux parler.

M. Célerier. — Je me suis trouvé, en effet, à la Roche-sur-Yon, devant la Cour d’assises, en présence de MM. Charavay et Belhomme et un troisième expert dont je ne me rappelle pas le nom… Là, nous sommes arrivés, pour une affaire qui a été bien simple, à mon avis, nous sommes arrivés à des conclusions différentes. J’ai affirmé qu’il y avait trente-deux faux, qu'ils avaient été faits par une femme, qu’ils n’avaient pu être faits par un homme qui ne sait pas écrire, qui est illettré… il sait a peine signer son nom.

MM. Belhomme et Charavay sont venus affirmer qu'il n'y avait pas de faux, et qu’à la rigueur, ce pouvait être cet homme, qui ne savait qu’écrire les six lettres de son nom, qu'à la rigueur ce pouvait être cet homme qui avait fait ces faux.

M. l’Avocat général. — Vous étiez en contradiction avec les mêmes experts ?

Me Labori. — Puisque M. l’Avocat général se préoccupe de ces questions, je serais très désireux qu’on demande a M. Varinard si, il y a quinze jours à peine, devant la Cour de Paris, il n’a pas été rendu une décision dans une affaire dans laquelle plaidaient mes confrères Prévost et Foucault, ou on n'a pas reconnu ce que disait M. Varinard ; la Cour a tout simplement rejeté les conclusions de ce dernier.

M. le Président. — Il n’est pas question de cela maintenant ; M. Célerier n’est pas expert près le Tribunal de la Seine.

M. Varinard, de sa place. — Ge n’est pas moi qui étais dans cette affaire.

Me Labori. — Alors, c’est un autre. (Murmures.)

Nous ne pouvons pas dire un mot qui soit contre nos adversaires, sans qu’immédiatement cette salle proteste, alors qu'après tout, on a pris des mesures exceptionnelles afin que 1'entrée en soit rendue plus difficile.

Me Clémenceau. — Si vous refusez de faire appelez M. Belhomme, monsieur le Président, je vous prie de constater ceci, c’est que M. l’Avocat général vient de poser à un expert une question qui était de nature à affaiblir sa déposition ; que, dans des conditions identiques, la défense ayant demande à poser des questions analogues à d’autres experts, M. le Président nous a refusé la parole pour poser ces questions.

M. le Président. — Parfaitement, parce que cela ne sert à rien

Me Clémenceau. — Du moment où il est entendu que la question de M. l’Avocat général « ne sert à rien », je n’insiste pas pour poser la mienne.