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Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/527

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M. Esterhazy, lui, ne sait pas faire ce mouvement parce que son mouvement est essentiellement dextrogyre ; de sorte que le mouvement vers la droite, il le fait très bien mais le mouvement verss la gauche, il ne sait pas le faire. C’est pourquoi, chez Esterhazy : comme dans le bordereau, les s ont la forme d’un i. Si vous prenez, par exemple, dans le bordereau, les mots ce dernier document est extrêmement difficile à se procurer, vous verrez que l’s a la forme d’un i, et si vous recherchez dans l’écriture d’Esterhazy, vous trouverez que l’s a fréquemment la forme d’un simple i. Vous verrez que l’auteur du bordereau ne parvient pas à faire un s régulier et qu'il en est de même dans l’écriture d’Esterhazy.

J’arrive à une lettre extrêmement curieuse la lettre t. Cette lettre, que j’ai analysée soigneusement, m’a amené à faire une série d’observations très intéressantes. D’abord, chez Esterhazy, comme chez l’auteur du bordereau, nous ne trouvons pas dans la lettre t, de trait de départ ; de même, les déliés n’existent pas. Chez Esterhazy, en raison de son écriture essentiellement sténographique, le trait de départ n’existe pas c'est perdre du temps, il le supprime, il ne le fait pas ; il en est de même pour les déliés, il trace une simple barre. Nous arrivons alors à ce caractère extrêmement curieux, qui se retrouve dans le bordereau et également, chez M. Esterhazy c’est que, quand il y a deux t qui se suivent, le premier est un simple trait et le second est relié à la lettre suivante par un petit trait, ce qui donne à ce second t la forme d’un b. Prenez le bordereau à la ligne 6 : « Cette » pièce, et prenez au hasard un mot d’Esterhazy : Tentative fort « nette » de chantage, vous verrez que les deux t sont faits dans ces conditions, le second avant la forme d’un b.

Après avoir examiné les caractères de la lettre, j’ai été appelé à faire une série de recherches extrêmement curieuses, extrêmement intéressantes ; quelques observations sur la barre du t, — car notez que. quand on n’a à analyser que trente lignes de l’écriture d’une personne, et qu’il s’agit de la faire condamner sur ces trente lignes, il faut examiner les moindres détails des lettres — eh bien ! que vois-je ? c’est que, chez Esterhazy, comme chez l’auteur du bordereau, la barre du t est toujours droite, horizontale, elle n’est ni ascensionnelle, ni descendante, tandis que chez Dreyfus, elle est toujours ascensionnelle, e’est-à-dire le contraire.

J’ai mesuré la dimension des barres des t, et j’ai remarqué que chez Esterhazy, comme chez l’auteur du bordereau, cette barre a une grande variabilité de dimension : elle varie entre 2 millimètres et 11 millimètres.

J’ai analysé barre par barre, j’ai donné tous les chiffres dans un rapport que nous ferons paraître à ce sujet ; je ne puis vous indiquer tous les chiffres, mais le chiffre minimum est de 2 millimètres et le chiffre maximum de 11 millimètres. Si je prends une lettre d’Esterhazy, je trouve toujours une barre