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Page:Le proces Zola devant la cour d assises de la Seine et la cour de cassation, Paris Bureaux du Siècle etc , 1898, Tome 1.djvu/69

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Mlle de Comminges connaît les faits que j’ai déjà indiqués très discrètement, et sur lesquels nous demandons à la faire entendre.

M. le Président. — Elle a adressé un certificat de médecin à l’appui de sa lettre.

Me Labori. — Eh bien ! nous aviserons pour savoir s’il y a lieu de déposer des conclusions pour que Mlle de Gomminges soit interrogée par voie de commission rogatoire, ou pour que l’affaire soit renvoyée jusqu’à ce qu’elle soit rétablie.

Messieurs les jurés devront savoir que nous aussi, nous voulons que cette affaire finisse, que l’angoisse qui pèse sur la conscience publique soit enfin secouée ; par conséquent, nous irons jusqu’au bout de notre tâche, malgré tous les obstacles, malgré toutes les difficultés ! Et la vérité, messieurs les jurés, elle est si éclatante — et vous le sentez bien, puisqu’on voudrait qu’il ne soit apporté aucun témoignage — elle est si éclatante que moi, je me charge de vous faire la preuve sans aucun témoin et sans aucune autre pièce que celles que tout le monde connaît !

M. le Président. — Maître Labori, il y a deux choses distinctes : il y a votre plaidoirie, dans laquelle vous direz tout ce que vous croirez devoir dire, et je suis d’avis que vous le ferez avec tout le tact et toute la courtoisie dont vous êtes capable ; mais en ce qui concerne les témoins, vous avez entendu l’arrêt de la Cour ; il ne faut pas que nous sortions des faits qui ont été relevés, articulés, précisés dans l’assignation.

Me Labori. — Nous y sommes en plein, dans ces faits ; nous sommes en plein dans l’affaire Esterhazy, et nous sommes en plein aussi dans la question de bonne foi.

M. le Président. — J’ai reçu une lettre de M. Cardin : J’ai reçu citation à comparaître pour l’audience du 7 février, en raison du rôle de juge que j’ai rempli devant le Conseil de guerre, qui en janvier dernier a acquitté le commandant Esterhazy...

...Et je n’ai connu l’affaire en question que parce qu’en ont dit les journaux. Dans ces conditions, je n’aurais aucun témoignage à fournir.

Me Labori. — Nous n’insistons pas, monsieur le Président.

M. le Président. — M. Paulet avait été cité ; il a reçu une lettre de l’huissier Baitry qui lui dit de ne pas se présenter.

Voici une lettre de M. le lieutenant-colonel Marcy...

Me Labori. — Nous renonçons à entendre ce témoin.

M. le Président. — Voici une lettre de M. Gaudelette, qui a reçu également contre-ordre de l’huissier.