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Page:Le sphinx au foyer Bourotte 1883.djvu/179

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XL

Je l’aime plein, très plein lorsque l’hiver déchaîne
Ses mortelles rigueurs sur les déshérités.
Ils y trouvent alors le bois, le pain, la laine
Et, contre tous leurs maux, toutes les charités.

Je l’aime creux, bien creux quand, pour dormir à l’ombre,
Je demande un asile aux rudes châtaigniers.
La mousse sous mes pieds étend son velours sombre ;
Sur mon front, l’écureuil enrichit ses greniers.

Je l’aime entre deux maux : étisie et pléthore,
Avec échine forte et poumons vigoureux,
Et cœur paisible et chaud où le sang s’élabore
Et pour tout dire enfin, ce qu’on nomme « un bon creux. »

Je l’aime pour y faire un séjour en automne,
Quoiqu’on ait, pour s’y rendre, un chemin malaisé.
La brise de la Vienne y souffle monotone,
Le maire et son adjoint sont à Montamisé.