Aller au contenu

Page:Le venin des vipères françaises.djvu/172

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Quelques instants après l’accident, le blessé agrandit la blessure du doigt et fit sortir quelques gouttes de sang et se disposait à rentrer à la maison, lorsqu’il se sentit défaillir. « Je fus obligé, me dit-il, de me coucher à terre et je restai ainsi ayant perdu connaissance pendant une heure au moins. Cependant je recouvrai mes sens, mais malgré mon plus vif désir de rentrer à la maison d’habitation dont la porte ouverte était à quelques pas de moi, je ne pus me redresser ni ramper jusque-là. J’étais comme paralysé. »

On vint enfin à son secours, on le transporta sur un lit, on lui fit boire quelques gouttes d’ammoniaque dans de l’eau. C’est alors qu’il fut pris de vomissements séreux et de selles involontaires avec tendance syncopale, refroidissement des extrémités. Cet état persista toute la nuit, et l’on s’attendait à sa mort prochaine, lorsque le lendemain, vers 10 heures, il fut visité par mon confrère le Dr Plicque, de Lezoux, qui jugea son état des plus graves et qui m’affirmait il y a quelques semaines qu’il ne s’attendait guère à le voir revenir d’aussi loin.

C’est à ce moment qu’on lui administra des boissons alcooliques et chaudes, qu’on lui réchauffa les extrémités, et le deuxième jour, on le transporta à Clermont où je le visitai chaque jour. Je vis Baguoss quatre jours après son accident. En quelques mots, voici ce que je constatai :

État local. — Gonflement œdémateux de tout le membre inférieur droit jusqu’à la région dorsale inférieure, aspect ecchymotique couleur lie de vin ou noirâtre.

Les piqûres, au nombre de deux, assez écartées au-dessus de l’articulation du genou, présentent un gonflement inflammatoire très appréciable.

Le membre supérieur droit offre le même aspect que je viens de signaler pour le membre inférieur. Les ganglions ne sont pas engorgés soit à l’aine, soit à l’aisselle, on ne sent pas de cordon induré sur le trajet des vaisseaux lymphatiques et cependant la teinte ecchymotique est plus accusée à la partie interne des membres qu’à la partie externe.

État générai. — Le malade est très affaissé, son teint est subictérique. À diverses reprises, je l’engage à se lever de son lit. Le blessé, à peine assis sur un fauteuil, est pris de syncope, et je suis obligé de le faire replacer dans son lit. Le pouls est petit, régulier, très dépressible. Les battements du cœur sont faibles, mais régu-