Page:Le venin des vipères françaises.djvu/187

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À 2 heures ½ nous pratiquons une deuxième injection de dix centimètres cubes de sérum antivenimeux. Le blessé est couvert de draps chauds et des bouillottes sont placées dans son lit.

Dans l’après-midi, efforts de vomissements, maux de tête violents. Le pouls est toujours très faible, presque imperceptible. Bidard est toujours froid.

Injection de caféine et d’huile camphrée. Température 37°5.

Vers 5 heures, le malade se réchauffe et se sent mieux. Le pouls se relève ; il est à 90. La soirée est relativement bonne, mais la nuit est un peu agitée.

9 mai. — Le malade a meilleur aspect, il est un peu rassuré. Le gonflement a progressé ; il atteint maintenant les deux tiers inférieurs du bras. La peau est d’un rouge livide, tendue, un peu luisante. Tout le membre est le siège d’un engourdissement douloureux et les mouvements qu’on lui imprime sont assez pénibles pour arracher des plaintes au malade. La température 37°, le pouls 93, il est plein et bien frappé.

Bidard n’a point d’appétit. Il boit avec plaisir du thé alcoolisé, mais dans la journée il se sent la bouche pâteuse et demande de la limonade tartrique. Il urine peu et difficilement. La température 37°2. Le gonflement occupe maintenant le moignon de l’épaule et déborde un peu sur le thorax. Vers 7 heures du soir, il commence à s’agiter et à se plaindre d’un refroidissement général, en même temps que de douleurs vives dans le côté droit du tronc. Puis vers 8 heures ½ se manifeste de l’oppression qui devient bientôt assez intense pour que le médecin de garde, M. le docteur Notin soit appelé.

Il constate qu’un œdème assez intense a envahi le bras droit, le cou et la moitié droite du thorax. Le pouls est assez faible. Une nouvelle dose de 10 centimètres cubes de sérum antivenimeux lui est injectée. Le malade n’urine pas, n’a pas de selle. On le réchauffe on fait une injection d’huile camphrée. À 9 heures, la dyspnée est assez intense pour qu’un moment on agite la question de la trachéotomie. Cependant l’agitation et la dyspnée s’atténuent un peu et vers 11 heures ½ la crise est à-peu-près terminée. Mais le blessé reste sous une profonde impression de terreur ; à 4 heures ½, il fait de nouveau appeler le médecin de garde, disant ne plus respirer. Ce dernier constate dans son rapport qu’il a trouvé cet homme un peu affolé, mais que son état n’avait pas changé depuis minuit.