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L’ŒUVRE IGNORÉE DE L.-P. MOUILLARD

au crayon après les mots « Fin. Caire. » (Il a voulu sans aucun doute résumer là son opinion sur tout l’ouvrage.) Chanute écrit :

« Amirable. Il y a pourtant deux points faibles :

« 1o Le vol à voile sera bien lent comme transport 5 de 10 m par séc — (sic).

« 2o Il ne sera guère pratiqué régulièrement que dans les pays de vents journaliers, ceux qui sont habités par les oiseaux voiliers, les contrées des vents alisés. »

Cette observation est immédiatement suivie d’une riposte très nette de Mouillard lui-même :

« Non Monsieur. Ces 25 à 30 kilomètres à l’heure sont comptés pour le calme ou contre le vent. Dans les autres directions, cette vitesse double. Puis vous ne comptez pas l’action libératrice de ce chemin de fer, qui a des rails dans toutes les directions. Enfin, ne croyez pas que, au Caire, les vents soient plus actifs qu’ailleurs, vous seriez dans l’erreur. »

Voilà, précisée, l’histoire du « Vol sans battement ». Ainsi Chanute retourna à Mouillard, après l’avoir annoté, le manuscrit qu’il lui avait confié. Mouillard avait interrogé l’ingénieur américain sur l’opportunité de sa publication. Celui-ci jugea que l’ouvrage, sans doute admirable, contenait au sujet du vol à voile des conclusions trop audacieuses. Il aurait fallu le modifier pour le rendre intelligible, même pour ceux qui n’avaient point lu l’Empire de l’Air. Peut-être cette réponse surprit-elle l’inventeur français. Il dût être affecté de l’observation nette que l’on ajoutait au compliment.

Cette observation signifiait en effet que la publication immédiate de l’ouvrage était jugée impossible. Cette