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ÉTUDES D’OISEAUX

est lui aussi une unité, un nœud de cet immense réseau qui fait l’étude d’une contrée, est averti à plusieurs kilomètres de distance de la découverte d’une proie.

Ce battement spécial, en vol extra-arqué, c’est-à-dire absolument en-dessous, tout à fait unique, se répète quelquefois une seconde fois dans le vol rectiligne. Il semble vouloir accentuer l’affirmation de la découverte. Il doit dire : non seulement j’ai vu, mais ce que j’ai vu est intéressant ; il y en a pour beaucoup d’entre nous.

C’est très probablement la signification de cette manœuvre ; car lorsque le vautour voyage pour son utilité particulière : rentrée au perchoir, recherche de l’eau, etc., etc., tous actes particuliers à son individu, son vol n’a pas ce battement spécial. Il peut, s’il n’y a absolument pas de vent, être obligé de ramer souvent pour se soutenir et marcher sur l’air, mais ces battements sont autrement produits ; il n’y a pas à s’y méprendre, même quand on n’est qu’un simple observateur, à plus forte raison quand on est vautour, et qu’on en sait la langue télégraphique.

C’est donc simplement un signal destiné à dire de très loin : j’ai vu et j’y vais.

De leurs nids, de la manière dont ils élèvent leurs petits je ne saurais rien dire, n’ayant jamais eu l’occasion de les voir de près. J’ai vu de loin, à l’Attaka, sur la mer Rouge, des nids absolument inaccessibles. Ils étaient reconnaissables de très loin aux bancs de guano qui les avoisinent. Ces masses de fumier ont souvent un très gros volume : plusieurs centaines de mètres cubes. Que de siècles il a dû falloir pour produire de telles masses de déjections !

Ce que je puis encore dire d’eux, c’est que j’ai assisté à l’accouplement de ces oiseaux : cet acte n’a rien de particulier. Je sais encore que, pour nourrir leurs petits, ils mettent la viande qu’ils transportent dans l’arrière-