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LE VOL SANS BATTEMENT

cupation que de soigner la croissance de leurs longues rémiges.

Plus tard, dans les premiers essais de vol, la différence se continue. Ils sont bien intéressants pour l’aviateur, ces premiers coups d’ailes des jeunes milans, qui deviendront dans quelques mois de si fins voiliers. Ils ne savent pas voler. Ils ont peur du vide, ne savent pas se diriger, exagérant l’effort à produire. Il semble qu’ils sont trop légers, et que leurs ailes sont trop grandes. La distance dont ils disposent paraît disproportionnée.

Les premiers planements sont curieux. Ils commencent par quelques tours entiers de l’arbre où est le nid, mais ce planement est souvent interrompu par des battements ; ce n’est que plus tard qu’ils exécutent un cercle complet. Ce savoir ne vient que petit à petit ; on dirait à les voir étudier cette manœuvre qu’elle est difficile à produire, et que là se trouve une sérieuse difficulté.

Les jeunes corneilles qui resteront toute leur vie des rameurs endurcis se tirent de toutes les difficultés par de nombreux battements d’ailes.

Dès les premiers exploits des milans, la lutte entre les deux espèces commence. Les petits corbeaux se lancent à la poursuite de leurs jeunes voisins, dont les premiers orbes gracieux semble irriter les nerfs. Les pères et mères des deux espèces ne se mêlent pas des querelles de la jeunesse, ce qui fait que ces luttes n’ont aucune acrimonie. On sent, en les voyant, que c’est dans le sang des corbeaux de poursuivre des milans, mais qu’au fond ils ne leur en veulent pas autrement.

L’oiseau, malgré ce rapprochement excessif est quelquefois difficile à comprendre. Les actes de sa vie, surtout ceux qui touchent à la vie sociale, à l’ensemble de l’espèce, ne sont pas un livre ouvert pour notre intelligence. On voit des faits se produire, mais on ne sait