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ETUDES D’OISEAUX

C’est un vrai monde d’oiseaux que cette ville : j’oubliais tous les nocturnes.

Le plus petit est le plus drôle : c’est le scops. Mignonne boule de plumes, bavarde comme une pie, familière comme une poule. Elle a toujours quelque chose à raconter ! mais son dire n’est pas désagréable comme la plainte lugubre de l’effraye ...qui pousse sa plainte effrayante en secouant lourdement ses grandes ailes blanches, elle dit cocomio d’une façon tout à fait gaie.

Les hiboux, les chouettes, otis brachyotus, etc. sont les noctambules habituels de la vieille cité des Kalifes. Toutes ces tours crevées, ces minarets démontés, croulants, où nul n’ose monter, sont un paradis pour les oiseaux de nuit. Il y a même plusieurs couples d’ascalaphes, le grand-duc d’Afrique. Dernièrement prenant le frais sur ma terrasse, un de ces énormes oiseaux passa silencieusement à quelques mètres au-dessus de moi. Il arracha à ceux qui le virent cette expression : Ah : la belle bête ! Il est de fait qu’il était bien gros comme une femelle de dinde. Il passa lentement sans même produire un murmure et disparut dans l’ombre de la nuit qui tombait.

La vue du grand duc produit toujours une vive impression : cette grosse masse qui se meut silencieusement est loin d’avoir un aspect usuel.

Je ne parlerai pas de l’œdicnème qui se pose après le coucher du soleil sur les immenses toitures des casernes turques, du charadrius spihosus — le dominicain — qui nous visite la nuit. Ces deux oiseaux passeraient inaperçus si leurs voix criardes ne venaient nous révé1er leur présence.

Mais un oublié : le bihoreau, demande une mention :

Ardea nycticorax. — Le dernier de ces mots latins veut dire corbeau de nuit ; et ce nom est bien juste, car