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LE VOL SANS BATTEMENT

parfaitement son peu d’action ; au reste, pour ces oiseaux, plus le courant d’air est fort, moins ils se servent de cet organe qui devient alors plus gênant qu’utile ; son emploi est dans d’autres actes de la vie que nous n’avons pas à reproduire, chasse et lutte, et par conséquent pas à étudier.

L’annulaire travaille donc en permanence. Aussi, étudiez sur l’oiseau si vous le pouvez, sur les gravures de l’Empire de l’Air, qui sont calquées sur l’animal, la puissance de cette sixième plume. C’est elle qui a le plus de surface de toutes les plumes de l’être ailé. Sa construction est spéciale. On sent en elle un organe à part, qui a des fonctions précises : elle n’est pas faite comme les autres, aussi sert-elle plus que les autres.

Voici ce qu’on voit faire aux milans, et ce qu’après on découvre facilement dans les évolutions de tous les voiliers.

Lorsque l’oiseau perd sa direction, c’est-à-dire quand le courant d’air varie légèrement de point d’arrivée, l’oiseau corrige sa marche en tordant la pointe de l’aile, en l’accrochant avec cette large plume et se procure ainsi un retard de ce côté. L’aile qui a fait cette manœuvre n’a donc pas été aussi vite que l’autre ; elle est restée en arrière, et comme les ailes sont étendues avec rigidité, ce mouvement s’est communiqué à tout l’aéroplane et le changement de direction a été opéré.

Quand l’oiseau veut varier intentionnellement sa direction, cette manœuvre est plus accentuée et devient par conséquent plus visible que dans le cas précédent. On voit alors l’annulaire quitter franchement le plan horizontal de l’aile, entraîner par son contact les plumes avoisinantes et communiquer ce mouvement de torsion jusqu’à la fin de la main. L’action de cette déformation du plan de l’aile se traduit à l’instant par un changement subit dans le sens d’aller horizontal.