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LE VOL SANS BATTEMENT

pouvait produire une sphère douée d’un glissement pareil à celui de certains oiseaux à vol rapide, le martinet par exemple qui est imprégné d’une graisse puante mais éminemment lubrifiante, comme le martin-pêcheur, les canards et tous les oiseaux de grand vol, il semble, disons-nous, que le traînement serait presque négligeable. Un ballon ainsi construit serait très lent à mettre en mouvement et serait insensible, ou à peu près, au coup de vent.

Plus la perfection du glissement deviendrait grande, moins la mobilité deviendrait importante. L’immobilité du ballon devient absolue dans le courant d’air si, par la pensée, on lui donne une perfection de glissement absolue.

La nature nous fait quelquefois toucher du doigt la puissance de ce remous. — J’ai remarqué le fait suivant :

Il arrive souvent au printemps que les moineaux qui ont des nids se trouvent gênés par les pigeons. Ce voisinage les ennuie ; ils se fâchent, les attaquent à coups de bec et, souvent, quand ils sont bien animés, les poursuivent. En voyant voler un moineau de son vol naturel, on ne penserait jamais qu’il peut suivre un pigeon lancé à toute vitesse ; cependant il y réussit parfaitement. On voit souvent un pigeon, affolé par cette poursuite, se pousser en avant de toute la puissance dont il dispose et avoir derrière lui, comme attaché à sa queue, un moineau qui ne le quitte pas.

Jamais la célérité de ce petit oiseau n’est assez grande pour lui permettre cette chasse : cependant la réussite de cet exercice est patente.

Il se passe certainement ce fait, c’est que, quand le moineau a réussi à atteindre le remous formé par le déplacement du pigeon, il vole avec facilité dans cette atmosphère particulière, qu’il est probablement en-