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LE VOL SANS BATTEMENT

la réflexion calme et de longue haleine qui produiront le résultat sérieux.

Tant que le malheureux chercheur sera, comme j’en connais trop, hélas, obligé d’attaquer ce monstre terrible à temps perdu et avec ses menus plaisirs, on est certain de la non-réussite. Il est absolument sûr qu’on ne fera que des semblants d’essais, mal faits comme appareils et encore plus mal expérimentés.

Jugez-en, lecteurs, par ce qu’il faudrait pour le réussir, assurément, certainement, d’une manière absolue.

Les expérimentateurs de ce problème, car l’humanité ne devrait pas s’en tenir à un seul individu qui peut être plus ou moins bien disposé, plus ou moins hardi, même plus ou moins capable, les expérimentateurs, dis-je, devraient être hors des soucis de la vie. S’ils ont à songer au lendemain, ils sont perdus, pensent à ce lendemain, et pas à l’aviation.

Ils devraient avoir un atelier de construction sérieux, auquel on adjoindrait un ou quelques mécaniciens spéciaux ; praticiens émérites capables de tirer les aviateurs des difficultés qu’ils rencontreront à chaque pas. Pensez donc que, à une époque où je comptais, moins qu’aujourd’hui, il est vrai, je me suis offert des boulons à 18 francs la pièce ; et c’était une erreur par dessus le marché, ils ne servirent pas. A chaque pas se rencontrent de petites absurdités comme celle-là, qui sont un détail, en somme, pour le capital sérieux, mais qui sont un écueil pour le capital menu-plaisir. On craint de renouveler l’erreur qui épuise les fonds, on perd son temps en réflexions inutiles et... on ne fait rien.

Il faut une certaine marge dans l’action. Il faut pouvoir oser. Il faut surtout des conseillers. Là est un grand pas à faire faire à l’intelligence humaine. Le capital n’est assurément pas facile à décider, mais il sera probablement encore moins rebelle que l’esprit de ca-