Page:Le vol sans battement.pdf/440

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
432
LE VOL SANS BATTEMENT

de leurs ailes d’une façon tellement brève et active que l’oiseau de nuit volant dans un espace restreint est une révélation pour l’observateur, qui n’a jamais rencontré dans les oiseaux diurnes des facultés de direction qui leur ressemblent.

À l’article « Grand-Duc » j’en ai dit quelques mots, mais je n’ai pas assez insisté sur ce vol étrange par sa mobilité dans la direction et par son silence. Dans une chambre d’environ 10 mètres de longueur sur 6 mètres de hauteur, je les ai vus planer en descendant, décrire une spirale ellipsoïdale, passer deux fois devant moi avant d’atteindre le sol, et cela sans bruit. Les nocturnes sont les oiseaux qui volent dans l’espace le plus restreint, et cela à cause des organes qu’ils possèdent pour produire le vol lent.

Une des dispositions de l’être qui permet ce retard est la grande surface plane qu’ils présentent à l’avant. Les nocturnes ont tous un disque facial qui est un organe d’arrêt actif. Ce grand plan qui est formé, non par l’ossature de la tête de l’oiseau, mais par des plumes rigides actionnées par des muscles actifs, peut disparaître à volonté de l’animal. Au repos, au vol contre le vent, l’accipitre nocturne qui voit clairement sa route n’a plus de disque : il est complètement effacé : l’oiseau ne se ressemble plus. Un grand-duc qui, lorsqu’on le regarde, a la face large de deux centimètres carrés, n’a plus, en acte de vol de pénétration, que le quart de cette surface d’arrêt ; ses aigrettes ont même disparu, elles sont aplaties sur la tête et ne sont plus retenues.

Mais que sont ces écrans à côté des oreilles mobiles des chauves-souris ? Regardez attentivement l’oreillard (plecotus auritus) et vous comprendrez de suite le véritable but que s’est proposé la Nature en créant cet appareil auditif qui est de grandeur hors de toute proportion.