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LE VOL SANS BATTEMENT

pied-d’œuvre, il est forcé de se dire : C’est là qu’est la voie ; c’est ce vol qu’il faut apprendre et non celui du rameur.

Ce sont ces mille évolutions qu’il faut posséder comme on a su son catéchisme. Et on ne sait pas ! Oui, il faut absolument posséder le vol à la voile. Chaque aviateur devrait faire comme moi, vivre parmi les planeurs, c’est le seul moyen d’apprendre ; car c’est une science complexe qui ne s’assimile pas du premier coup d’œil. Passer outre, se dire qu’on apprendra en pratiquant n’est pas bien raisonner. Pour voler, il ne s’agit pas d’apprendre, mais de savoir. Quand vous serez lancé avec la vitesse d’un train ou enlevé par le coup de vent, il ne sera plus temps de réfléchir. Si l’observation, si la manœuvre mille fois vue n’a pas fait entrer dans votre instinct le sentiment du mouvement juste à produire, vous ne réussirez pas ; et gare ! en aviation, quand on ne réussit pas, c’est au moins le bain.

J’aimerais pouvoir enseigner ce que je sais, mais je reconnais que c’est absolument impossible sans les exemples à pouvoir mettre à l’appui, puis c’est vouloir dépeindre le mouvement. Cela ressemblerait à l’étude de la natation en calle sèche ou à celle du billard faite dans les livres.

Il faut donc absolument savoir son métier de volateur, puis le pratiquer beaucoup. Hors de cela pas de salut. Donc, beaucoup voir et se fier à son brave instinct qui sortira mieux d’embarras que toutes les réflexions possibles.

Je recommande donc instamment au lecteur d’abandonner complètement l’impression prépondérante, innée chez tout humain, du vol ramé. Cette impression est créée chez nous par la vision perpétuelle du rameur. Depuis notre enfance, nous sommes habitués à voir l’oiseau frapper l’air et non glisser, et nous ne