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L’ŒUVRE IGNORÉE DE L.-P. MOUILLARD

toute agilité. Ce désastre va peser désormais sur toute l’existence du malheureux. « Sur ces entrefaites ; la maladie survint : je fus immobilisé comme mouvement ; l’ancien gymnasiarque devint un impotent auquel il n’est resté que la tête ». Quelle désespérante mé1ancolie dans les lignes où il parle de son quatrième essai, celui d’Égypte, l’essai qui ne put être, mais que l’on voudrait tenter !

« Quatrième essai.

« 10 mars 1878. Je vais le mettre sur chantier. Je crains que ma mauvaise santé ne me permette de le mener à bien.

« À six mois :

« Août 1879. — Une année et plus est passée, et je n’ai rien pu produire, je renonce, je me rends. »

Et au lieu d’un résultat, il expose un projet : « Voici ce que je voulais faire… »

Quelques lancements d’aéroplanes non montés du haut d’une carrière ne suffisent point à consoler son amertume.

Et un peu désespéré, Mouillard, qui veut voler quand même, cherche le moyen d’éviter cette gymnastique, « qui n’est acceptable que par un certain âge et une certaine puissance musculaire. » C’est ainsi qu’à contre-cœur, il cherche à imaginer l’aéroplane à moteur.

On sent que là il ne suit pas sa véritable idée, il n’ose pas tout son espoir.

Malgré mille difficultés matérielles, s’obstinant et voulant à tout prix persuader ceux qui n’ont pas vu, Louis Mouillard, le 24 avril 1881, mettait la dernière main à l’Empire de l’Air, qui, la même année, parut à Paris.