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L’ŒUVRE IGNORÉE DE L.-P. MOUILLARD

énergiquement portés en arrière ; l’escension et le relèvement sont donc forcés… »

Si l’oiseau veut descendre, il reportera au contraire le centre de gravité en avant en portant en arrière l’extrémité de ses ailes.

C’est en partie pour bien étudier, dans toutes ces manœuvres, les déplacements du centre de figure que Mouillard dessine l’ombre portée des oiseaux dans la position de vol. Nous avons reproduit plus haut le passage où il explique comment il y parvient.

Aussitôt après son observation, l’auteur tire donc la conclusion pratique. Tous les oiseaux observés ont été mis en position de planement. L’inspection des tableaux semblables à celui que donne le présent ouvrage au début du chapitre Études d’oiseaux suffit à indiquer quels voiliers pourront être inimitables dans leur vol.

Bien que l’on affectât souvent de ne la point comprendre, la rigueur de cette méthode ne passa point inaperçue, et les commentateurs de Mouillard, dès 1881, acceptaient le premier principe énoncé par lui.

« … Il est très facile d’admettre qu’un oiseau voilier puisse, sans même en avoir conscience, se maintenir en équilibre par de légers, mais continuels déplacements du centre de gravité. » (H. de Villeneuve, l’Aéronaute, oct. 1881.)

On a cru faire un reproche sensible à Mouillard en lui disant qu’il eut tort de faire d’un mouvement passager un mouvement constant. Le reproche n’est pas mérité. Mouillard ne nie pas l’intérêt du vol ramé. Il estime que l’homme aura plus de peine à réaliser cette phase de l’évolution, voilà pourquoi il s’attache à l’autre. Mais il est le premier à reconnaître que le vol à ailes battantes n’est pas négligeable. Même lorsqu’il parle du vautour, son maître, il a soin de le noter : « … à la moindre appréhension, ces gros oiseaux deviennent ra-